Le 27 décembre de l'année dernière, l'armée israélienne avait engagé l'une des invasions les plus meurtrières dans la bande de Ghaza. Environ 1400 membres de la société civile de 43 pays ont voulu commémorer, une année plus tard, cette tragédie qui a fait des centaines de morts parmi les civils palestiniens, dont la majorité sont des enfants, froidement écrasés par les bombardements d'Israël, y compris dans le dernier refuge qu'ils croyaient avoir trouvé, y compris dans les locaux du siège de l'ONU. Une ville rasée aux trois quarts qui attend sa reconstruction, promise par la conférence des donateurs, cette année, à Charm Cheikh. Le Caire bloque la «Marche vers Rafah» La «marche vers Ghaza» n'aura pas lieu. Les marcheurs français, en grand nombre, environ 330, attendaient, toujours lundi, les cars qui devaient les conduire à Rafah. Ils ont dû recourir à un sit-in devant le siège de leur ambassade dans la capitale égyptienne dans l'espoir que Sarkozy intervienne auprès du président Moubarak pour les autoriser à effectuer cette marche programmée de longue date. Les 13 Espagnols qui ont fait, également, le déplacement, dans ce but, ont été, eux, carrément bloqués dans leur hôtel par la police égyptienne. Ils étaient porteurs d'une précieuse aide humanitaire à la population de Ghaza, et mieux encore que cette aide matérielle, «attirer l'attention mondiale sur l'inhumain blocus imposé à un million et demi de Palestiniens» par le régime de Hosni Moubarak, selon la représentante de la «Plateforme espagnole de soutien au peuple palestinien», Mme Alicia Alonso. Moubarak ne plaisante pas. Il avertit par un communiqué «les organisateurs qui veulent humilier l'Egypte que la loi leur sera appliquée». Une année jour pour jour, le blocus de Ghaza imposé dès le début des opérations militaires israéliennes est strictement observé par les autorités égyptiennes, ce qui est, en soi, pour les organisations humanitaires, non seulement une «humiliation» pour l'Egypte, et plus encore, une «complicité dans le crime contre l'humanité» pour lequel Israël pourrait être poursuivi par la communauté internationale. Cette complicité contrarie, aux yeux de nombreux experts du droit international universel, les efforts des Nations unies, appuyés par les organisations humanitaires internationales en vue de faire toute la lumière sur la tragédie de Ghaza. Une tragédie faite de massacres directs et de complicité dans la poursuite du drame palestinien de la population de Ghaza. «Par dizaines, des enfants palestiniens continuent de mourir faute de médicaments et de soins nécessaires à l'étranger», font remarquer les organisateurs de la «Marche de solidarité Ghaza».
L'axe Tel-Aviv - Le Caire L'objectif qu'Israël s'est fixé de détruire tous les tunnels creusés par les Palestiniens pour assurer leur approvisionnement en armes et, surtout, en produits pharmaceutiques et alimentaires de base, l'Egypte se propose de l'atteindre, à travers la construction d'un nouveau mur de la honte. Aux mêmes intérêts de l'Egypte et d'Israël correspondent les mêmes méthodes «génocidaires». C'est l'accord tacite Tel-Aviv - Le Caire. Le rapport remis il y a quelques mois aux Conseil de sécurité par le juge sud-africain Richard Goldstone, chef de la mission d'enquête des Nations unies sur les bombardements de Ghaza pourrait déboucher sur un procès international contre les dirigeants israéliens accusés de «crimes de guerre». Cette accusation est claire dans sa formulation car les enquêteurs n'ont eu d'ailleurs aucune difficulté à apporter la preuve flagrante de ce qu'ils savaient sur ce cas de crime contre l'humanité. Les images rapportées directement par toutes les chaînes de télévision du monde, malgré le blocus médiatique exercé par l'armée israélienne sur la zone des bombardements des objectifs civils, sans aucun discernement, ont démontré que «l'agression militaire israélienne a été dirigée contre la population civile palestinienne dans sa totalité». La complicité dans ce crime contre l'humanité n'est pas non plus à démontrer puisque ces mêmes images ont montré la part du blocus dans cette tragédie. Les limites imposées à la justice universelle Cette complicité apparaît à travers les manœuvres de certains gouvernements européens d'empêcher la justice universelle de juger les responsables israéliens accusés de crime contre l'humanité. En juin dernier, cédant aux pressions d'Israël et de ses alliés, le gouvernement espagnol avait fait voter une loi limitant l'action de la justice universelle qu'aux seuls délits commis contre les Espagnols à l'étranger ou aux délits dont les auteurs séjournent en Espagne, toujours lorsque ces délits ne font pas l'objet d'une procédure judiciaire dans le pays d'origine. Israël peut donc être rassuré puisqu'il a engagé sa procédure judiciaire sur l'invasion de Ghaza. Le régime égyptien aussi, puisqu'aucune enquête internationale n'oblige un Etat souverain de fermer ses frontières, même dans le cas d'un blocus inhumain.