La centrale syndicale a décidé de rompre le silence au sujet de la grève des travailleurs de la SNVI. Dans un communiqué diffusé jeudi, l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA) a tenu à rassurer les salariés de l'entreprise publique, notamment en ce qui concerne le maintien du dispositif de départ à la retraite avant 60 ans. Face au mouvement de protestation enclenché depuis le jour de la livraison de 275 bus de transport d'étudiants à l'Entreprise de transport urbain et sub-urbain d'Alger (Etusa), le 3 janvier, l'UGTA n'a pas réagi malgré les appels incessants des travailleurs entrés en grève en raison des décisions prises lors de la dernière tripartite. Jeudi, un communiqué émanant de la centrale syndicale, repris par l'APS, vient expliquer la position officielle de la centrale syndicale sur cette grève, en apportant des clarifications se voulant rassurantes aux sujets des revendications exprimées. «La SNVI était confrontée à d'énormes difficultés multiformes qui menaçaient même sa pérennité, a bénéficié d'importantes mesures de la part des pouvoirs publics, qui ont ainsi répondu positivement aux préoccupations de l'UGTA», a souligné, en effet, la centrale syndicale dans son document, laissant comprendre que l'heure est maintenant à la sauvegarde de l'outil de production et à la relance de l'industrie publique. L'UGTA a rappelé que cela s'est effectué «après plusieurs interventions auprès des pouvoirs publics sur la relance de la branche mécanique, électronique, électroménager et métallurgie». S'adressant aux travailleurs et à la famille syndicale, la centrale syndicale a ajouté que cette «industrie, à l'instar d'autres secteurs, fait actuellement l'objet de programmes de modernisation et de relance économique, décidés par son Excellence, Monsieur le président de la République». Dans ce message d'apaisement, la Centrale syndicale a mis l'accent sur les «importantes mesures» dont a bénéficié la SNVI dans le cadre de son plan de développement validé par le CPE (Conseil des participations de l'Etat). Il s'agit, sur le plan financier, d'un traitement de l'endettement pour un montant de 62 milliards de dinars et un apport en cash de 5,5 milliards de dinars destinés à rétablir l'équilibre financier et le confortement des fonds propres. La société nationale souffre aussi d'un découvert bancaire de l'ordre de 40 milliards de dinars. Au total, les pouvoirs publics devraient prendre en charge plus de 100 milliards de dinars, soit près de 1,5 milliard de dollars. Redressement des tarifs douaniers Le «redressement des tarifs douaniers appliqués aux intrants dans l'industrie des véhicules» et la «mise en place d'un dispositif obligeant les bénéficiaires de l'Ansej et d'autres dispositifs d'aide à l'emploi d'acheter exclusivement auprès de la SNVI» ont été énumérés dans le communiqué de l'UGTA comme autant d'autres mesures de soutien. L'UGTA a dévoilé aussi que la SNVI a bénéficié d'un «financement de l'investissement à solliciter auprès du Fonds national de l'investissement évalué à 11 milliards de dinars sur 20 ans avec 7 ans de grâce et un taux bonifié de 2%». La centrale syndicale a révélé également que «le ministère des Finances a notifié à la SNVI que ses produits ne sont pas soumis à la nouvelle taxe sur la commercialisation de camions et engins roulants neufs». Une taxe qui reste applicable, pour rappel, aux concessionnaires importateurs. Sur le plan commercial, l'UGTA a indiqué dans son communiqué qu'une «commande de 9296 autobus et camions provenant de divers ministères dont ceux de l'Intérieur et des Collectivités, et de l'Enseignement supérieur, ainsi que des sociétés publiques de transport de voyageurs au niveau des chefs- lieux de wilaya a été passée avec la SNVI». Quant aux perspectives de développement de la SNVI, la centrale syndicale a fait savoir que des projets de partenariat, modernisation et de développement de la production du complexe SNVI Rouiba sont en route ainsi que des projets de sous-traitance importants avec des partenariats industriels qui sont en cours au niveau des complexes moteur Aïn-Smara du complexe de Tiaret. Ces projets et différentes mesures permettront de créer 3000 emplois directs. Augmentation de salaires Au sujet des augmentations salariales, l'UGTA a rappelé dans son communiqué que «la dernière tripartite a décidé que des négociations portant augmentation des salaires soient engagées dans le cadre des conventions collectives de branches et d'entreprises». «Ces négociations toucheront l'ensemble des entreprises publiques et privées», a-t-elle précisé. Une réunion avec les fédérations nationales se tiendra, selon la même source, avec le Secrétariat national de l'UGTA afin de mettre en place les mécanismes de négociations. S'agissant de la retraite anticipée, la centrale syndicale a rassuré les travailleurs : «L'actuel dispositif de retraite demeure toujours en vigueur jusqu'à la promulgation du nouveau texte de loi» et que ce texte de loi «préservera le droit de départ en retraite pour les travailleurs remplissant les conditions, même après sa promulgation». Au sujet toujours du départ à la retraite, la centrale syndicale a indiqué que «pour lever toute mauvaise interprétation sur les postes pénibles et présentant des conditions particulières de nuisance, la loi relative à la retraite n°83/12 du 02 juillet 1983, prévoit dans son article 7 que ces travailleurs bénéficient d'un départ en retraite avant l'âge légal». L'UGTA a mentionné, au titre de sa conclusion, que «toutes ces mesures de relance de l'outil de production nationale ne pourront que concourir à la sécurisation et à la création d'emplois ainsi qu'à l'amélioration des conditions de vie et de travail des travailleurs et de leurs familles». La centrale syndicale appelle à la mobilisation et à la bonne volonté dans un climat serein et emprunt de confiance. Cette déclaration va-t-elle rassurer les travailleurs du fleuron de l'industrie nationale ? Les travailleurs ont maintenu jeudi leur grève, déclenchée depuis cinq jours, autour des questions salariales et celle de la retraite anticipée. Ils revendiquent, entre autres, une augmentation des salaires.