La pandémie de grippe A continue de faire des ravages. Le nombre de décès est en hausse, atteignant 54 cas mortels sur 808 cas confirmés sur le territoire national. Malgré cette progression inquiétante, le personnel médical demeure réticent quant à se faire inoculer le vaccin contre le virus H1N1. Au CHU d'El Kettar, il n'a été enregistré aucun décès, nous affirment des urgentistes de garde. Mais l'exploitation en cours des données recueillies par les spécialistes de cet hôpital de référence sur la campagne de vaccination montre que seuls trois membres du personnel médical ont accepté de se faire vacciner. Parmi eux, un médecin, un infirmier et un agent. Le reste n'a pas souhaité s'y soumettre, bien que le ministère de la Santé ait averti que la vaccination contre la grippe A/H1N1 assure une immunité contre le virus A/H1N1 et qu'elle protège des complications pouvant être fatales, notamment chez certaines personnes à risque. Un des médecins de l'hôpital nous a confirmé que la vaccination du personnel médical n'est pas une obligation tout en précisant que les effets de certains adjuvants contenus dans le vaccin ne sont pas encore connus. Et c'est ce qui fait peur à la majorité du personnel, précise-t-il. Alors, se faire vacciner ou pas ? La réponse n'est pas aussi simple, chaque cas est particulier. Si quelques rares médecins pensent qu'il est préférable de se faire vacciner pour éviter les complications dues à la grippe A, beaucoup d'autres préfèrent observer et attendre. Pour eux, «le virus de la grippe A/H1N1 n'est pas stable, c'est pourquoi les personnes qui souhaitent se vacciner contre la grippe doivent renouveler l'injection annuellement». Nos interlocuteurs font observer qu'il ne s'agit pas d'un rappel de vaccination, mais d'une «revaccination». Et d'expliquer que la composition du vaccin change tous les ans en fonction des mutations des virus. «C'est aussi pourquoi nous pouvons avoir la grippe plusieurs fois dans notre vie. Après une grippe, nous ne sommes protégés que pendant une durée limitée, tant que nos anticorps parviennent à neutraliser le virus qui n'a pas encore trop changé», nous indiquent-ils encore. En moyenne, une grippe génère des anticorps efficaces pendant plusieurs années. Les médecins spécialistes de l'hôpital d'El Kettar précisent que la personne est face à deux choix : ou elle se fait vacciner cette année puis tous les ans contre la grippe car elle ne peut pas prendre de risque vis-à-vis de cette maladie ; elle doit donc accepter les risques liés au vaccin. Dans le second cas, la personne est prête à prendre le risque de contracter la grippe avec les risques qui vont avec et refuse donc de se faire vacciner contre cette maladie. À ce choix personnel, peut s'ajouter le souhait altruiste de ne pas contaminer les autres et de participer à la propagation de l'épidémie dans le temps. «Les arguments personnels et altruistes en faveur du vaccin doivent être tempérés par la faible efficacité du vaccin», nous dit-on. En plus, le vaccin diminue la probabilité de la contagion mais ne l'annule pas. Le professeur Dif, chef du service Lemaire, et le Dr Zitouni, du centre de vaccination, nous ont précisé qu'il n'y a aucun danger spécifique à se vacciner cette année et à ne pas renouveler le vaccin ultérieurement. C'est simplement illogique puisque la grippe A/H1N1 n'a aucune raison d'être moins dangereuse dans les années qui viennent que cette année. Certes, il y a des risques liés à la grippe qui sont connus. Ce qui ne l'est pas avec précision, c'est leur fréquence. Il y a également le risque indirect de transmettre cette maladie à des proches ou à des personnes fragiles que l'on côtoie, d'où, rappellent-ils, le respect de certaines règles d'hygiène qui permet de réduire les risques de transmission du virus de la grippe.