Le directeur de l'Agence multilatérale du groupe de la Banque mondiale chargée du financement des grands projets, Louis Bedoucha, a estimé que les décisions prises par le gouvernement algérien dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2009 sont «nécessaires pour protéger l'économie». «Il n'y aucun Etat souverain qui accepte de voir sa balance commerciale se dégrader sans rien faire», a-t-il indiqué à l'APS. S'exprimant en marge de la conférence organisée sur le financement des projets en temps de crise à Alger les 11 et 12 janvier, le responsable de la Banque mondiale a défendu toutes les mesures prises par les autorités algériennes en vue de freiner les importations et de soutenir l'investissement productif. Le représentant de l'institution de Bretton Woods a affirmé qu'«il revient au gouvernement algérien de prendre les décisions qu'il estime nécessaires pour protéger l'économie», et d'ajouter : «Il n'y a aucun Etat souverain qui accepte de voir sa balance commerciale se dégrader sans rien faire. Le gouvernement algérien a pris des mesures pour rétablir sa balance commerciale et c'est son droit.» Pour rappel, lors de la promulgation de la loi de finances complémentaire, les autorités des pays occidentaux, à l'instar de la France et des Etats-Unis, ont vivement critiqué les dispositions prises par l'Algérie. Les services économiques de ces pays ont tenté de convaincre l'Algérie sur l'inefficacité de ces dispositions, mais le gouvernement d'Ahmed Ouyahia a rejeté catégoriquement les propositions faites, en invitant les opérateurs étrangers à investir et procéder au transfert des devises et du savoir-faire. «L'Algérie n'a pas besoin de dépenser son argent sur des produits inutiles et sur des emplois, ainsi que des richesses créées ailleurs», avait tenu à expliquer le ministre des Finances, Karim Djoudi, à propos de ces mesures. Autrement dit, l'Algérie est décidée à conserver ses ressources tirées essentiellement de l'exportation du pétrole et du gaz, à défaut de les dépenser dans les pays occidentaux. Selon le représentant de la Banque mondiale, «les opérateurs étrangers ont protesté et c'est également leur droit, a-t-il poursuivi, mais ils n'ont pas vraiment le choix et s'ils veulent travailler en Algérie ils doivent se conformer aux nouvelles règles». S'agissant du choix fait par l'Algérie de continuer à financer les projets d'envergure à partir du budget de l'Etat, malgré la persistance de la crise mondiale, M. Bedoucha a estimé que «le financement budgétaire de projets est une pratique courante à l'échelle mondiale». Pour lui, l'Algérie ne fait pas exception en la matière, sachant que les Etats-Unis et l'Union européenne ont multiplié les aides financières et les interventions du Trésor pour sauver leurs économies. A ce propos, le responsable de la Banque mondiale a indiqué que «l'Algérie est souveraine de financer l'intégralité de ses grands projets à partir du Trésor ou de procéder à un tri des projets en fonction de leur rentabilité économique ou leur impact sur la population». La transparence garantie La réalisation des grands projets en Algérie se fait dans la transparence, a estimé M. Bedoucha. Le respect des règles internationales en matière de transparence et de protection de l'environnement est garanti, a indiqué le responsable de la Banque mondiale, évoquant à ce propos l'exécution et l'exploitation de grands projets, selon les procédures d'appel d'offres national et international ouvert à tous les opérateurs. Le directeur de l'Agence multilatérale du groupe de la BM souhaite, par ailleurs, que «l'Algérie continue à respecter ces règles dans l'exécution de ses futurs mégaprojets».