Le financement intégral de mégaprojets à partir du Trésor public implique inévitablement un impact improductif sur la population entière, notamment lorsque l'opération se révèle infructueuse. Une telle stratégie de financement reposant sur la seule manne pétrolière ne laisse guère place à un possible arbitrage impartial, dans la prise de risque. Et faute de partenariat externe impliqué financièrement, tout retard, surcoût et autres dérapages ne sauraient être objectivement affirmés. On ne peut être juge et partie ! (l'aâb H'mida, recham H'mida). Mégaprojets, le retour C'est pourquoi, aujourd'hui, le principe du Project finance (le financement des grands projets) semble être la voie à suivre. À cet effet, il existe une Caisse nationale d'équipement pour le développement (Cned). Sa mission consiste à suivre, pas à pas, les grands projets pour minimiser les déperditions. Actuellement, il y a une trentaine de projets d'un montant de 38 milliards de dollars, dont la Cned a la charge de veiller à ce que les financements soient utilisés à bon escient et que les délais soient rigoureusement respectés. Son premier responsable, M. Farouk Chiali, reconnaît que presque tous les projets enregistrent des problèmes de surcoût et de dépassement de délais, liés essentiellement à l'insuffisance de maturation d'études. Concernant l'implication des entreprises algériennes du secteur privé dans la réalisation des grands projets, il a fait savoir que son institution projette de mettre en place un pôle de partenariat public/privé (PPP), en vue d'apporter aux ministères techniques l'assistance et l'expertise nécessaires pour la promotion du PPP dans le financement des projets d'infrastructures. Ça fait jaser Le financement des grands projets en Algérie a fait l'objet ces dernières semaines de plusieurs rencontres. La dernière en date, c'était le 11 janvier 2010 à l'occasion d'un séminaire baptisé “Project finance”, organisé à l'hôtel El-Aurassi à l'initiative d'Enhanceal, en collaboration avec la Chambre de commerce et d'industrie suisse. Devrait-on croire que la réalisation des grands projets en Algérie se fait dans la transparence la plus totale ? C'est en tout cas ce que l'on pense du côté de la Banque mondiale, selon le directeur de l'Agence multilatérale du groupe de la BM chargée du financement des grands projets, M. Louis Bedoucha. “On souhaite que l'Algérie continue de respecter ces règles dans l'exécution de ses futurs mégaprojets”. Interrogé sur l'effet de la loi de finances complémentaire 2009 et la LF-2010, dont l'objectif est de protéger l'économie et le commerce extérieur de l'Algérie, le représentant de l'institution de Bretton Woods a affirmé qu'il appartient au gouvernement algérien de prendre les décisions qu'il croit nécessaires pour protéger l'économie. “Il n'y a aucun Etat souverain qui accepte de voir sa balance commerciale se dégrader sans rien faire. Le gouvernement algérien a pris des mesures pour rétablir sa balance commerciale et c'est son droit. Les opérateurs étrangers ont protesté, et c'est également leur droit, mais ils n'ont pas vraiment le choix et s'ils veulent travailler en Algérie ils doivent se conformer aux nouvelles règles”. En fait, comme on dit, il n'y a pas de fumée sans feu. Du financement des grands projets en Algérie, si l'on en parle de plus en plus encore, c'est parce que cette fameuse loi de finances complémentaire 2009 fait toujours jaser. Mais l'angle de vue a bien entendu changé. Tant décriée hier, aujourd'hui, on lui reconnaît toutes les vertus du monde. Jamais autant de rencontres n'ont été consacrées à un tel événement, d'ordre simplement réglementaire. Fini le folklore ? De plus en plus, chez nous, les professionnels de l'événementiel s'investissent davantage dans un secteur qui ne représente pourtant aucun aspect ludique, voire folklorique. Ce n'est pas tout à fait nouveau, mais, force est de reconnaître qu'il y a du professionnalisme… dans les salons. Le plus original du genre se tiendra les 4 et 5 mars prochain dans la capitale française. C'est le Salon de l'innovation financière pour le développement. Conjointement organisée par la Banque mondiale, cette rencontre proposera un panorama des mécanismes financiers novateurs, répondant aux défis actuels du développement. Il aura également pour but de renforcer les synergies entre les différentes sources, instruments et acteurs pour stimuler l'innovation dans ce domaine. Cet événement rassemblera des experts, des entrepreneurs sociaux, des universitaires et des représentants du monde financier. Il proposera des conférences, des ateliers de travail ainsi qu'un espace d'échange dans lequel les porteurs de projets pourront présenter leurs initiatives. De telles occasions offrent un espace où les dirigeants, les leaders politiques et sociaux peuvent confronter leurs analyses et dessiner leur vision de l'avenir économique et social, étroitement liée à la finance. Le nerf de la guerre. L'incontournable événementiel En fait, tout le monde s'accorde à dire que la réussite d'un grand projet national ou international dépend non seulement de gros moyens, d'une bonne coordination, mais aussi des multiples appuis dont il peut bénéficier. Et quoi de plus approprié qu'un salon spécialisé pour réunir tout le monde en même temps, dans un même lieu, autour d'une même ambition.