Les derniers rapports sur la demande pétrolière et les appréhensions des pays consommateurs de gaz naturel sur le long terme mettent le marché des énergies fossiles en difficulté. «Un hiver froid, la reprise économique et une faible demande l'année précédente ont fait que la croissance de la demande de pétrole a été à nouveau positive vers la fin de l'année, et en 2010, la demande devrait croître de 0,8 million de barils par jour», selon l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Dans son dernier rapport, publié mardi, l'Opep table toujours sur une faible progression de la demande en 2010, mettant toutefois en garde contre la volatilité des prix dans un marché fragile, rapporte l'APS. Cette reprise de la demande devrait être de 0,98% en 2010, signale l'organisation, pour atteindre quelque 85,15 millions de barils par jour (mbj), selon les nouvelles estimations inchangées par rapport à celles de décembre (85,13 mbj). L'Opep précise toutefois que «le déclin de la consommation dans les pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) devrait se réduire avec la reprise des activités économiques», alors que la demande dans les pays émergents devrait progresser de 1 mbj. En 2009, la demande mondiale de pétrole a reculé de 1,4 mbj tandis que celle des pays non-OCDE a progressé de 0,5 mbj. Du côté des prix, le «mouvement à la hausse au début de l'année peut être partiellement attribué à la vague de froid», a noté le rapport, qui souligne cependant que cela n'explique pas totalement le mouvement ascendant étant donné que les stocks étaient suffisamment bien remplis pour répondre à la hausse de la demande. Les stocks commerciaux de pétrole des pays de l'OCDE ont augmenté de 12,6 mb en novembre, se situant alors à 93 mb au-dessus de la moyenne des cinq dernières années. Selon les chiffres provisoires pour décembre, les stocks n'étaient plus qu'à 90 mb au-dessus du niveau des cinq dernières années du fait de la forte demande aux Etats-Unis. En Europe, les stocks étaient en décembre supérieurs de 12,3 mb au niveau moyen des cinq dernières années. Sur le marché à Londres, le baril de brent de la mer du Nord (livraison en mars) cédait 60 cents à 76,50 dollars, tandis qu'à New York, le baril prenait 4 cents à 78,03 dollars sur le Nymex. Les prévisions des pays consommateurs Pour sa part, la mi-janvier, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoyait une augmentation de la consommation mondiale de pétrole de 1,7% en 2010, entièrement soutenue par la demande des pays émergents et de l'Asie. Selon son rapport mensuel publié ce jour-là, l'agence estimait que le monde consommera 86,3 mbj en 2010, contre 84,9 mbj en 2009. Selon l'AIE, la croissance de la demande provient entièrement des pays de l'ex-Union soviétique, de l'Amérique latine et de l'Asie (pays non membres de l'OCDE). La demande européenne et de l'Amérique du Nord resterait très faible malgré un début d'hiver froid, selon cette organisation des consommateurs. Néanmoins, l'AIE s'attend ainsi à une stabilisation de la demande dans les pays de l'OCDE en 2010, après une baisse de 4,4% en 2009. Quant à la production, elle a régulièrement progressé dans les derniers mois de 2009 pour atteindre 86,2 mbj en décembre. En moyenne sur l'année 2009, l'offre de pétrole recule cependant de 1,6 mbj à 84,9 mbj, affaiblie par une demande morose. Il est utile de rappeler que les pays exportateurs hors-Opep, la Russie, la Norvège et le Mexique ainsi que le Brésil ne contribuent pas à la stabilisation du marché puisqu'ils augmentent leur production sans tenir compte des déséquilibres sur le marché. Au moment où le marché du pétrole devient incertain, le marché du gaz, nouvel enjeu, est aussi menacé puisque «l'offre dépasse la demande et les prix du gaz dans les marchés des contrats spot et à terme ont reculé à de faibles niveaux, et une menace réelle existe pour les contrats d'exportation de gaz à long terme», selon le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, dans un entretien accordé au journal jordanien El Sabil, en indiquant que le marché du gaz naturel «traverse actuellement une mauvaise passe».