Après un long suspense qui aura duré des mois autour du scandale qui a éclaboussé l'APC de Tiaret, le juge d'instruction près le tribunal de Theniet El Had, dans la wilaya de Tissemsilt, relevant de la cour de Tiaret, a décidé, tard dans la soirée de mercredi, la mise sous mandat de dépôt de 14 personnes, dont l'ex-P/APC, O. B., et l'ex-chef de daïra, F. R., actuellement en poste dans la wilaya de Sétif. Cinq autres élus de la commune de Tiaret, dont l'actuel vice-président chargé du social et un vice-président chargé des travaux. Ont également été mis sous les verrous des cadres de l'administration ainsi que deux subdivisionnaires (urbanisme et construction et travaux publics) ainsi que des fournisseurs privés, poursuivis pour les chefs d'inculpation de «détournement de fonds publics, mauvaise gestion et complicité», tandis que les dix-sept autres membres de l'APC de diverses obédiences politiques ont tous été placés sous contrôle judiciaire jusqu'à la fin du procès qui doit durer plusieurs semaines. Le magistrat instructeur en charge de ce lourd dossier a placé sous mandat de dépôt quatorze personnes en tout dont des fonctionnaires et cadres de l'administration. Après l'audition de plus de cent soixante personnes entre inculpés et témoins, le subdivisionnaire de la construction et l'habitat, le subdivisionnaire des travaux publics à la daïra de Tiaret, un entrepreneur et un fournisseur de pièces détachées ont également été placés sous mandat de dépôt. La genèse de cette grosse affaire remonte à l'année dernière lorsque à l'issue d'un long conflit entre le maire (entre temps suspendu par le wali) et des membres de son exécutif, une action judiciaire a été enclenchée à la demande du premier responsable de la wilaya. Plusieurs enquêtes s'ensuivirent dont celle menée par une commission dépêchée par l'inspection générale de la wilaya et une deuxième un mois plus tard par l'Inspection générale des finances. L'instruction judiciaire qui a commencé le 17 janvier dernier au niveau du tribunal de Theniet El Had, relevant de la compétence territoriale de la cour de justice de la wilaya de Tiaret, doit encore se poursuivre dans les prochains jours pour s'élargir à l'audition d'autres cadres de l'administration locale, entrepreneurs et employés de la daïra et la commune de Tiaret, le tout pour tenter de démêler l'écheveau d'une scabreuse affaire de détournement de biens publics d'une valeur de plus de 70 milliards de centimes, dont 18 milliards destinés à préparer une visite du président de la République dans la wilaya en 2004, visite qui n'a jamais eu lieu. Les comptes de l'APC de Tiaret avaient été passés au peigne fin en octobre dernier par l'Inspection générale des finances (IGF), une mission de contrôle de plus deux semaines qui avait conclu à un détournement dépassant les 70 milliards dont des factures fictives payées rubis sur l'ongle à des tiers, des lots de pièces détachées payées mais jamais arrivées au parc de la commune, des marchés publics liés à des opérations d'amélioration et de requalification urbaines conclus en violation du code des marchés publics, payement de frais de missions fictives, détournement, fait l'effet d'une véritable bombe dans la ville d'Ibn Khaldoun. Les mis en cause, dont certains n'ont pas supporté le choc et ont dû solliciter des soins médicaux, ont introduit un appel devant la chambre d'accusation près la cour de Tiaret. Enfin, il y a lieu de noter que l'instruction du dossier a été confiée au tribunal de Theniet el Had en raison du statut de l'ex-premier magistrat de la commune. La fonction de celui-ci lui conférant le statut d'officier de police judiciaire, il ne pouvait de ce fait être poursuivi par le tribunal de sa circonscription. Néanmoins, même l'expert en possession de l'exactitude des chiffres concernant le préjudice financier ayant gangrené la commune de Tiaret s'est abstenu de toute déclaration. Pour rappel, des sources proches du ministère de l'intérieur et des collectivités locales avaient déclaré, en novembre dernier, que pas moins de 1 648 élus locaux à travers le territoire national ont été poursuivis en justice durant 2002/2007, 54,61% ont été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis. Quant au montant global détourné durant la même période (2002/2007), il dépassait, selon la même source, les 340 milliards de centimes.