Djamal Ould Abbas Revendiquant leurs droits à propos de leurs indemnités suite à la fermeture des établissements publics d'insertion pour handicapés (EPIH) il y a sept mois de cela, les aveugles exerçant à l'unité de Hussein Dey poursuivent leur sit-in devant l'établissement en question, entamant la deuxième semaine. Pourtant, le ministre de la Solidarité, Djamal Ould Abbas, avait déclaré récemment à la troisième chaîne radiophonique nationale que tous les aveugles ont été pris en charge. Certains ont été placés dans des entreprises publiques, selon lui, et d'autres, dont l'âge dépasse la soixantaine, sont sortis avec une retraite estimée à 10 000 DA. La réalité est tout autre, selon le secrétaire général de l'unité d'Hussein Dey, Lakhdar Kessari. «Il y a eu un accord signé entre la direction des EPIH et l'UGTA, selon lequel les employés devraient percevoir tous les mois leurs salaires non payés (au nombre de sept), la caisse de chômage ainsi que les indemnités de départ volontaire», a-t-il précisé. L'histoire de la fermeture de ces établissements remonte à 2002, quand les employés non voyants ont demandé au ministère de la Solidarité une augmentation de leur salaire estimé à 8000 DA. Un salaire qui n'a d'ailleurs pas changé depuis. «Au lieu de régler nos soucis relatifs à nos conditions de travail et nos mensualités, on a fermé ces sociétés dont la production a baissé de manière spectaculaire (on est passé d'une production de 16 000 ballets par jour à 1000 par semaine)», dira notre interlocuteur, ajoutant que le ministère a promis de créer des contrats avec des sociétés étatiques pour rehausser le marché de ces unités et améliorer les conditions de travail en février 2008. Mais au lieu de cela, un mois après la visite d'une équipe du ministère au niveau des unités, une décision de fermeture a été prononcée, limitée à un délai d'une année, soit de juin 2008 à juin 2009, selon le secrétaire général qui a rappelé qu'il y a 19 ans qu'ils se battent pour leurs droits sans la moindre amélioration. Les 8,7 milliards de dinars déboursés pour la rénovation des unités et les salaires en 1994 n'ont jamais servi à leur profit. La preuve, leur situation n'a pas arrêté de se dégrader depuis.
Les employés souffrent d'une désorganisation administrative «On voudrait bien reprendre nos postes, mais puisqu'on n'a pas le choix (la fermeture a été imposée et signée sous la pression), on revendique nos droits les plus absolus, à savoir les indemnités concernant le chômage technique, la retraite pour les gens concernés et la perception des salaires non payés, comme il a été mentionné dans l'accord signé par les deux parties et présenté par l'UGTA. L'accord en question – examiné par nos soins – présentait, en effet, les propositions d'indemnités citées par les travailleurs de l'EPIH d'Hussein Dey, à savoir une indemnité de 30 mois de salaires répartis en 15 ans pour ceux qui veulent bénéficier du départ volontaire, une assurance-chômage pour ceux âgés entre 40 et 47 ans et une retraite anticipée pour ceux qui ont dépassé la soixantaine. Il a été même proposé d'aider certains employés à ouvrir des petits commerces. Hélas, rien de tel n'a été réalisé, selon les grévistes, du moins les propositions ont été appliquées à une minorité de travailleurs qui perçoivent des sommes différentes les unes des autres. Aucun travailleur n'a été placé dans une société, encore moins dans un commerce, selon M. Kessari. «De plus, il était question de suivre ces clauses conformément au Smig, alors que le peu de retraités qui perçoivent une mensualité, à titre d'exemple, ne touchent que 10 000», a-t-il souligné. «Je suis retraité depuis 43 ans et je ne perçois rien à ce jour», clame un non-voyant. «Dans la même unité, un employé a perçu une somme plus importante qu'un autre et la plupart n'ont rien reçu», se scandalise un autre. Une manière à eux de dire qu'une désorganisation flagrante au niveau des 27 EPIH du pays leur rend la vie dure. Et d'après les mêmes sources, les sit-in gagneraient incessamment le territoire national et s'étaleraient à plusieurs semaines, si la tutelle ne règle pas leur situation.