Il faudrait reconquérir le marché national avant de prétendre à l'exportation hors hydrocarbures. C'est là un des messages forts exprimés hier par le directeur général de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), Mohamed Bennini, soulignant dans sa déclaration que «la volonté politique n'est pas en cause en matière de soutien à l'exportation». Depuis la libéralisation du commerce extérieur, en 1994, la facture d'importation n'a pas cessé d'augmenter pour atteindre en 2009 près de 40 milliards de dollars. La priorité des autorités est désormais le développement de la production locale, le seul salut et moyen afin de se projeter dans l'exportation hors hydrocarbures. L'Algérie importe pratiquement tous les produits (médicament, poudre de lait, voitures, vêtements, équipements industriels, produits agricoles, matériaux de construction, services…), mettant ses ressources financières engrangées de l'exportation du gaz et du pétrole brut au profit des pays fournisseurs. En l'espace de deux ans (2008 et 2009), la facture d'importation a dépassé les 80 milliards de dollars, sans que cela profite à la création d'emploi, au transfert du savoir-faire et à l'amélioration des capacités de production. Au sujet de l'exportation hors hydrocarbures, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a demandé aux organisations patronales réunies lors de la tripartite de décembre 2009 de ne plus parler de ce sujet. «Il faut d'abord reprendre notre marché qui profite aux importateurs. Nous n'avons aucune industrie capable de prendre en charge nos besoins…», avait déclaré Ahmed Ouyahia. En matière d'exportation hors hydrocarbures, le DG d'Algex a reconnu dans son intervention hier sur les ondes de la Chaîne III les faiblesses du tissu économique national tout en soulignant que «le niveau des importations algériennes est vraiment préoccupant. Depuis 2008, le gouvernement s'est plutôt penché sur les dispositions nécessaires à adopter pour trouver des produits de substitution à l'importation. Cela est indispensable». M. Bennini a relevé que «le marché national est trop facile», d'où l'importance d'approfondir, selon lui, les critères et les normes de commercialisation des produits sur le marché national. Il faudrait assurer, ajoute-t-il, la traçabilité et créer de la concurrence. L'Algérie est appelée à pousser les entreprises nationales publiques ou privées à aller vers la compétitivité afin de reconquérir le marché national et freiner les importations. «Lorsque le marché est trop facile pour l'importation, cela n'encourage pas l'exportation. Maintenant, il y a une prise de conscience chez les entreprises et les institutions de l'Etat», soutient-il. S'agissant de l'adhésion de l'Algérie à la Zone arabe de libre-échange (Zale) et son impact sur l'économie, l'invité de la radio a estimé que les résultats sont à l'avantage des pays arabes. «La concurrence n'était pas transparente. Les certificats d'origine des produits sont complaisants. Il faut absolument que ces accords soient bien gérés. Les entreprises doivent être suffisamment associées à l'élaboration de la liste négative des produits interdits à l'importation», souhaite-t-il. Les importations ne faiblissent pas Malgré les dispositions prises par les autorités, la facture de l'importation en 2009 est de 39,10 milliards de dollars. A titre d'indication, la facture des produits alimentaires a atteint 5,8 milliards de dollars, alors que celle des médicaments est de 1,74 milliard de dollars. Le coût de l'importation de véhicules reste également élevé, à savoir 1,524 milliard de dollars. Des produits qui devraient être produits localement, au lieu d'être importés et vendus, selon le DG d'Algex, à des prix revus à la hausse en raison de l'absence d'une logistique de commerce extérieur. Dans ce contexte, les économistes algériens que nous avons eu à contacter à ce sujet demandent aux autorités de se pencher sur ces importations de manière à trouver les moyens et la stratégie adéquate afin de créer des richesses en Algérie et non pas à l'étranger. L'encouragement de l'industrie locale et l'agriculture, ainsi que le secteur des services permettra au pays d'assurer de l'emploi, de la plus-value et de l'avenir à ces populations, ajoutent-ils. L'importation ne fait que transférer en réalité l'argent obtenu des exportations énergétiques, sans plus.