«C'est très simple, le secteur qui crée la richesse et l'emploi à la fois, c'est celui des PME, il faudrait que les PME qui se substituent à l'importation voient le jour, mais les banques les trouvent assez risquées pour elles», a déclaré l'expert en finance El Hachemi Siagh. La déclaration de ce spécialiste est plus que significative, car le niveau des importations est de plus en plus inquiétant. Ce qui appelle à une nouvelle stratégie de riposte de manière à conserver les ressources financières engrangées des exportations des hydrocarbures, à défaut de les transférer à l'étranger. L'avis de l'expert en finance, M. Siagh, qui s'est exprimé mercredi dernier dans un entretien à l'APS, rejoint celui du directeur général de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex), Mohamed Bennini. Le DG de l'Algex a déclaré, sur les ondes de la Chaîne III, que l'exportation hors hydrocarbures ne peut se faire tant que les besoins locaux ne sont pas satisfaits par des entreprises algériennes. Comment peut-on prétendre conquérir le marché extérieur, alors que celui de l'intérieur est la chasse gardée des importateurs ? C'est la question qui ressortait de son discours sur l'état des exportations hors pétrole. La facture de l'importation a atteint en l'espace de deux ans le montant de 80 milliards de dollars. Une donnée plus qu'édifiante sur l'incapacité de l'outil national à répondre aux attentes de l'économie y compris les besoins de l'Etat qui se chiffrent en milliards de dollars. Pour certains économistes, les mesures de taxes imposées aux importateurs dans le cadre de la loi de finance complémentaire 2009 sont insuffisantes pour permettre le renversement de la tendance actuelle. Ils considèrent également que ces dispositions ont plutôt provoqué un renchérissement des prix et une pénurie de produits, en défaveur des consommateurs, constatant que son pouvoir d'achat diminue malgré les hausses de salaires. Dans ce contexte, le développement de la production nationale est une priorité, afin d'assurer l'équilibre et de créer des produits de substitution à l'importation. Dans ce sens, les objectifs tracés par le gouvernement en matière de création d'entreprise, de mise à niveau et de compétitivité constituent aux yeux des spécialistes des actions urgentes à mettre en œuvre. A ce sujet, le délégué de l'Association des banque et établissements financiers, Abderrahmane Benkhelfa a préconisé une gestion saine des ressources financières qui doivent être réinjectées dans le financement d'entreprises compétitives et des projets réels. Pour ce responsable, les quatre prochaines années, la croissance économique devrait être adossée aussi à des ressources générées par le marché financier qui doit être, selon lui, activé. «Nos partenaires considèrent que le pays est sur la bonne voie, mais pour les quatre ans à venir il faut moins regarder nos recettes (fiscales), il faut penser comment passer progressivement d'un financement budgétaire à un financement par le marché financier», a-t-il suggéré. Les acteurs du marché, le tissu des PME réactivées et remises à niveau, les entreprises publiques assainies ainsi que les opérateurs privés jouent leur rôle, en contribuant à cette efficience économique, a tenu à relever le délégué de l'ABEF. 200 000 PME à créer La stratégie du gouvernement de maintenir un sain cadre macroéconomique à travers l'investissement dans les infrastructures et les grands projets devra s'accompagner d'une stratégie visant à faire émerger la production algérienne issue aussi bien du secteur public que de celui privé. M. Siagh, a insisté sur la création de milliers de PME qui créent de l'emploi, contrairement aux grandes entreprises qui ne le font pas. La structure des importations devra être démystifiée pour essayer d'envisager une véritable stratégie de rechange. La transformation des produits importés actuellement en projets d'investissements reste la seule voie. «L'Algérie est une économie totalement rentière dans le sens négatif du terme, exportant uniquement des hydrocarbures à l'état brut ou semi-brut et important presque tout. Il n'y a pas une production nationale en quantité et en qualité», c'est ainsi que résume l'enjeu de l'action gouvernementale l'expert Abderrahmane Mebtoul. Cela sans remettre en cause les décisions prises par l'Etat, dont on peut rappeler le programme de création de 200 000 PME à l'horizon de 2014. Un objectif ambitieux qui devra bénéficier d'une mobilisation générale de la part des pouvoirs publics et des opérateurs économiques.