Carences dans la sous-traitance, manque de financement, taux d'intérêts sur les crédits trop élevés, et problèmes fonciers tels sont les obstacles auxquels sont confrontées les entreprises en Algérie. En effet, au cours d'une table ronde initiée par le forum El-Moudjahid, hier, sur le thème "Apport du secteur privé dans la croissance économique", Mustapha Mekidèche, vice-président du Conseil national économique et social (Cnes), a, dans son intervention, affirmé que la part des entreprises nationales dans le vaste programme de construction engagé par l'Etat est insignifiante, la cause qui réside derrière cette faible participation est due essentiellement à la non-acquisition par les entreprises locales des outils et appareils ultra-modernes pour se conformer aux normes internationales. Outre cela, le vice-président du Cnes a vivement critiqué le caractère familial des PME algériennes. Selon lui, il y a un problème de culture managériale qu'il faut résoudre au niveau des entreprises. C'est impératif, si on veut sauver le secteur des PME, de transformer et de modifier la structure familiale de l'entreprise en une structure sociale, sous forme de SPA. Un autre problème, dont souffre la PME, la forme de la représentation patronale ; "il faut un mouvement patronal unifié pour qu'il puisse peser dans la prise des décisions concernant les politiques économiques", a-t-il soutenu. Il dira dans ce sens que l'économie algérienne souffre du syndrome hollandais et que la rente est favorisée par rapport à la production de richesses. Les patrons devront donc s'unifier pour mener une lutte à mort et sans merci contre la rente, les bulles immobilières, la rente de spéculation et la rente de clientèle. Le troisième inconvénient, qui bloque le développement des petites et moyennes entreprises, réside dans le taux trop élevé des taux d'intérêts sur les crédit évalués à 7%, un ratio exagéré par rapport à d'autres pays, comme aux Etats-Unis, où il est de 0%, et en Europe, où il est entre les 1 et 2%. Dans ce contexte, Mekidèche a mis en exergue la nécessaire émergence des champions industriels pour booster la sous-traitance. Car selon lui, la PME et la sous-traitance ne peuvent exister que s'il y a des donneurs d'ordres. Dans ce sens, M. Mékidèche a indiqué que dans le domaine des hydrocarbures, le marché de la sous-traitance est très important, malheureusement les entreprises algériennes n'en profitent pas. Argument soutenu par Zaim Bensaci, président du Conseil national consultatif pour le développement de la PME, lequel a affirmé que plusieurs PME d'ingeering du domaine ont disparu, alors qu'elles auraient pu prendre des parts dans ce marché et créer de l'emploi et de la richesse. Selon lui, le système actuel favorise les opérations d'importation plutôt que la production. Et en l'absence des donneurs d'ordres, la PME industrielle est minoritaire dans le tissu des PME. Aussi, les PME qui veulent bénéficier de crédits d'investissement font notamment face aux réticences des banques en Algérie qui, selon lui, "ne jouent pas le jeu et ce, malgré la mise en place de différents instruments de garantie, à l'image du FGAR et de la caisse de garantie". Bensaci s'est interrogé si les pouvoirs publics doivent accorder des facilitations à ces entreprises "afin qu'elles continuent simplement d'exister". L'environnement actuel est loin d'être favorable à la consolidation de la PME algérienne, a-t-il déploré. Cette dernière, estime-t-il, doit être soutenue pour se préparer à ce qu'il a qualifié de "concurrence" qui fera suite au démantèlement des barrières douanières pour les produits finis. Dans ce sillage, et concernant l'adhésion de l'Algérie à la zone arabe de libre-échange, Bensaci a mis en garde les pouvoirs publics, pour mettre en place des normes strictes concernant les produits non originaires des pays arabes qui vont inonder le marché algérien. Cependant, le programme de mise à niveau des PME doit s'intéresser aux aspects immatériels tels que la formation, le diagnostic, l'expertise et le conseil, et lancer une réflexion pour un programme qui visera à moderniser les PME en les aidant financièrement pour acquérir des équipements. Cela se réalise par un recensement des besoins réels de l'entreprise et faire ensuite un diagnostic. Pour sa part, l'expert Abdelmalek Serraï a indiqué que les entreprises privées ont consenti un investissement cumulé de 50 milliards de dollars, depuis 1994, et contrôlent aujourd'hui plus de 70% de la valeur ajoutée. Il relèvera, néanmoins, les difficultés rencontrées par les entreprises en matière fiscale. M. Serraï indiquera, dans ce sens, que même si la pression fiscale, actuellement estimée à 18 %, est la plus faible du Maghreb, le système fiscal algérien souffre du manque d'homogénéisation dans l'application des procédures fiscales, d'une wilaya à l'autre, estimant que s'il s'agit d'un problème de compréhension dans les différentes administrations fiscales, il serait judicieux d'opter pour un programme de formation. Il convient de signaler que 230 000 PME ont été recensées, en 2008, avec une participation de 10% à la croissance économique.