La colère des travailleurs n'a pas laissé indifférents les pouvoirs publics. La grève de 15 jours déclenchée par les travailleurs de la SNVI et d'ArcelorMittal n'est pas restée lettre morte. Outre l'instauration du dialogue et la fourniture de réponses satisfaisantes aux travailleurs grévistes, le gouvernement a décidé de réagir en surveillant de près l'évolution de la situation des travailleurs dans tous les secteurs. En effet, une instruction a été adressée par le Chef du gouvernement à l'ensemble des départements ministériels, dans laquelle il a demandé d'établir des rapports sur «les doléances des travailleurs et de signaler d'éventuels mécontentements qui pourraient surgir dans les prochains mois». Les départements ministériels ont, à leur tour, adressé des notes à tous les responsables des institutions et organismes qui sont sous leur tutelle en vue de leur adresser un point de situation sur les revendications des travailleurs et de communiquer le moindre détail sur la préparation d'un quelconque mouvement de protestation. Les notes adressées aux premiers responsables de ces organismes ont un caractère d'urgence puisqu'il est demandé de fournir toutes ces informations dans les plus brefs délais. En effet, la forte contestation observée ces derniers mois dans les différents secteurs économiques et la Fonction publique ont reflété le véritable malaise social que vivent les travailleurs algériens tous secteurs confondus. Si certaines actions de protestation ont été menées pour revendiquer une amélioration des conditions de travail au sein des unités de production, les travailleurs ont réclamé, à travers d'autres actions, la revalorisation des salaires perçus, jugés comme «misérables». Les revendications se multiplient La remise en cause des conclusions de la dernière tripartite touchant un certain nombre de droits sociaux des travailleurs a été à l'origine d'une vague de contestations observée dans les plus importantes entreprises industrielles nationales. La grève de la SNVI reste dans les mémoires des travailleurs algériens. C'est un mouvement qui s'est propagé de façon inattendue et qui a exercé un véritable forcing sur les pouvoirs publics, imposant des décisions urgentes. Les autres catégories des travailleurs de la Fonction publique, à l'instar des enseignants, médecins, psychologues, paramédicaux et autres exigent un statut «respectable» reflétant leurs missions valorisantes et les efforts consentis dans leur travail au quotidien. Ils ont contesté, pour la majorité d'entre eux, les contenus des statuts particuliers et le régime indemnitaire décidés par les pouvoirs publics de façon unilatérale. Le mécontentement ne s'est malheureusement pas limité aux travailleurs du secteur public. Les taxieurs, les journaliers des ports d'Alger, les agences immobilières et bien d'autres secteurs d'activité seront touchés par de nouveaux débrayages. Une façon comme une autre d'exprimer un ras-le-bol généralisé en raison des multiples et répétitifs dysfonctionnements signalés. Le déphasage est grand, voire flagrant entre la réalité du terrain et les textes réglementaires et législatifs élaborés par les pouvoirs publics auxquels on reproche «la marginalisation des parties concernées dans la prise de décision». Dans toute cette cacophonie qui a perturbé plusieurs secteurs d'activité, il y a lieu de signaler l'attitude»remarquable et inhabituelle» de la Centrale syndicale. L'indifférence n'a pas été de mise lors de toutes les actions de contestation menées dans les secteurs où elle a des représentations. Bien au contraire, l'UGTA est intervenue pour apaiser la tension et proposer des solutions aux problèmes posés même si ces solutions n'ont pas résolu les problèmes définitivement. Cela a été le cas également pour les paramédicaux et les chauffeurs de taxi pour qui, en dépit du silence observé par les tutelles pendant les jours de protestation, des mesures ont été prises pour assurer de la prise en charge des doléances par les parties concernées en vue de les convaincre de reprendre le travail.