Le livre Algérie. A la recherche de son tourisme de Mourad Kezzar pourrait être un déclic pour les responsables du tourisme en Algérie afin qu'ils voient d'un autre œil ce secteur et tracer une véritable stratégie au lieu de continuer à tourner en rond. Le journaliste Mourad Kezzar, dont les formations en économie et tourisme et son passé dans le secteur lui ont permis de bien s'informer sur les défaillances du tourisme en Algérie, n'a pas écrit un livre sur l'histoire du tourisme, mais a plutôt réussi à offrir aux responsables un ouvrage qui pourrait bien servir pour un plan de redressement. En effet, l'auteur a tenté de relever toutes les défaillances qui ont mené le secteur à la faillite. Très précis, Kezzar a donné des chiffres expliquant les mauvais résultats des gestionnaires du tourisme algérien qui continue (souvent par habitude) d'être géré administrativement, comme au temps de la politique socialiste. Les chiffres donnés par l'auteur du livre font honte à toute l'Algérie. En effet, pour un pays aussi vaste, des moyens exceptionnels (pétrole), un littoral de 1200 km et tous les vestiges du Sahara, on ne compte que 85 000 lits, 10 hôtels 5 étoiles, 22 à 4 étoiles et 67 à 3 étoiles. Il est précisé qu'il s'agit de «fausses étoiles pour de vraies classifications». L'auteur nous apprend qu'autrefois certains hôtels étaient déjà classés avant même le lancement de leur construction. Des hôtels 4 étoiles sans parking Il ne faut pas oublier les hôtels 4 étoiles ne disposant ni de piscine, ni de groupe électrogène, ni de parking, et des 3 étoiles sans ascenseur, ni télévision, ni réfrigérateur, ni climatiseur. L'auteur qui n'a pas oublié la période du terrorisme qui a fait fuir les touristes n'a pas hésité à lancer ce cri de détresse : «L'Etat algérien doit assumer sa responsabilité dans le drame du marché hôtelier.» Kezzar a tenu à dénoncer certains faits ayant mené à la faillite de nos hôtels. Pour l'artisanat par exemple, on propose aux hôteliers d'exposer des produits au lieu d'inciter les touristes à se diriger vers les souks. C'est pour cela d'ailleurs qu'on voit certains produits artisanaux exposés dans des coins d'hôtels depuis leur ouverture. «Dans la stratégie algérienne, on ne sait pas qui est censé développer l'autre, l'artisanat ou le tourisme», explique l'auteur de l'ouvrage qui regrette que 20 ans après les discours sur l'obligation de promouvoir l'artisanat, c'est l'échec. Il constate aussi que la plus grande part des produits artisanaux exposés au bord de nos routes viennent de Tunisie. L'auteur du livre qui s'appuie sur des chiffres et des faits a tenu à relever les prix élevés des billets d'avion et de bateau et de comparer notre tourisme à celui des autres pays. Il a tenu à nous rappeler que lorsque 100 étrangers entrent en Algérie, il n'y a qu'un seul Algérien qui en sort. L'ouvrage de Mourad Kezzar pourrait être considéré comme un diagnostic. Les responsables du tourisme pourraient bien le proposer à des experts en management pour tracer une stratégie pour que l'on ne continue pas tourner en rond.