La France vient de suspendre un médicament qui cause d'énormes dégâts chez les malades.En Algérie, il se vend à grande échelle dans les officines : «C'est un médicament qui (marche) très bien chez nous, d'ailleurs tous les médecins le prescrivent. Dans mon officine, il est parmi les plus vendus, s'est exprimé un pharmacien que nous avons interrogé. Avant de renchérir sur un point important, notamment pour la santé des citoyens algériens : «Quand un médicament est interdit ailleurs pour des effets néfastes ou autres raisons sanitaires, chez nous, il demeure commercialisé après de longues semaines, voire des mois. C'est ce que je n'arrive pas à comprendre». S'agissant de ce médicament frappé d'interdiction à l'étranger, le souci des praticiens est fondé sur les risques graves et les réactions cutanées qui conduisent souvent à des hospitalisations et des congés de maladie. Le Ketum ou kétoprofène est un anti-inflammatoire utilisé depuis plus de quinze ans, notamment sous forme de gel pour traiter en particulier des lésions traumatiques (entorses, élongations, tendinites, réactions inflammatoires des veines consécutives à une sclérose de varices…). À la suite d'une procédure de réévaluation des bénéfices et des risques des médicaments contenant du kétoprofène, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) a décidé en décembre dernier de suspendre l'autorisation de mise sur le marché de ce produit utilisé en application cutanée. Des cas, souvent graves, de photo-allergie (réactions de la peau lors de l'exposition au soleil) ont été décrits chez des malades traités avec ce type de gel. Ces réactions se présentent sous forme d'eczéma et de bulles s'étendant au-delà de la zone d'application. Cette complication, connue depuis de longues années, avait conduit l'AFSSAPS à modifier l'information concernant le médicament à deux reprises. Une lettre adressée deux ans plus tard aux professionnels de la santé n'a pas permis de faire régresser ces effets secondaires graves. C'est dans ce contexte qu'une procédure de réévaluation du médicament sous forme de gel a été lancée. Il en est ressorti que l'efficacité de ces gels était faible à modérée. Comme il existe des alternatives thérapeutiques, l'Afssaps a estimé que «le risque lié à l'utilisation de ces gels était supérieur au bénéfice attendu». De surcroît, il paraissait difficile de prendre des mesures en plus pour garantir la sécurité des patients. En conséquence, l'Afssaps demandait le retrait du marché de ces gels à compter du début janvier dernier, en attendant l'évaluation européenne. Au pays du soleil, le Ketum est roi Toute les pharmacies que nous avons visitées contiennent et en quantité importante ce médicament, et de l'avis de ces pharmaciens justement, «c'est un médicament qui est très demandé». Le gérant d'une officine d'Alger que nous avons visitée a tenté d'appeler l'ordre des pharmaciens pour plus d'informations. La personne au bout du fil s'est dite «étonnée» de la nouvelle, d'autant qu'aucun laboratoire ou importateur de médicaments n'a signalé cette anomalie. Doit-on attendre des conséquences plus graves pour agir, sans pour autant être alarmiste, mais une décision doit être prise» a souligné le gérant. Pour rappel, le Ketum représente le deuxième chiffre d'affaires de la société productrice de ce remède, Menarini.