Le Temgesics 0.3 g injectable, cette morphine qui atténue les très fortes douleurs cancéreuses, a disparu des officines. Les patients souffrant de lourdes pathologies, peuvent mourir en emportant au cours de leur trépas d'atroces souffrances. Pour cause, les premiers signes de rupture de stock font leur apparition à Oran. Plusieurs médicaments extrêmement nécessaires aux malades se font désirer au niveau de la capitale de l'Ouest. Le Temgesics 0.3 g injectable, cette morphine qui atténue les très fortes douleurs cancéreuses, a carrément disparu des officines ces derniers mois. Les spécialistes en oncologie et chimiothérapeutes, qui prescrivent ce médicament, ne savent quoi recommander à leurs patients pour les soulager un tant soit peu. Faute de disponibilité des ces injections tant recherchées, les pharmaciens, quant à eux, incitent leurs clients à prendre le Temgesics 0.2 en comprimés, les effets sont les mêmes, indiquent-ils. Les injections appelées Alustal, étant indisponibles, des dizaines d'asthmatiques chroniques risquent de subir de graves complications respiratoires, allant jusqu'à la mort. Les mêmes risques sont encourus par les diabétiques condamnés, depuis plusieurs mois, à prendre d'autres médicaments équivalents, le Diamicorn 30 étant introuvable, tandis que d'autres diabétiques continuent à chercher vainement leur Zyloric 300 mg. «Cela fait des lustres que je n'ai pas vu les Zyloric et Diamicorn 30», a indiqué un pharmacien exerçant au centre-ville. Idem pour plusieurs marques de pilules de contraception devenues subitement rares. «C'est tout ce qu'il y a de disponible» nous disent nos amis les pharmaciens s'est exclamé un gynécologue se disant otage d'une liste de contraceptifs bien arrêtée. Une situation inexpliquée est née tandis que les malades ne savent plus à quel saint se vouer. Le marché des médicaments suscite plusieurs interrogations. En brisant le silence, les pharmaciens, premiers remparts qui affrontent la colère et l'impatience des malades et leurs familles, laissent entendre que la spéculation n'est plus l'apanage des maquignons et des mandataires. «La disponibilité des médicaments de première nécessité est tributaire des humeurs des distributeurs et importateurs», a fait remarquer un pharmacien ajoutant que «les pharmacies sont approvisionnées en petites boîtes dérisoires contre l'engagement des pharmaciens à prendre de grandes quantités d'autres produits qui ne sont pas en rupture». Aussi, la pénurie signalée a été quelque peu provoquée par le retard de la délivrance des programmes d'importation pour les opérateurs. Pourtant, des progrès sont vantés par le département de la santé et celui de la sécurité sociale qui encouragent la production locale. Outre l'insuline et quelques produits de petite fabrication, l'Algérie ne s'est pas encore attelée à la production de médicaments destinés aux maladies lourdes comme les antalgiques allégeant les souffrances des cancéreux et encore moins ceux des asthmatiques nécessitant la molécule mère. La production locale constitue cette priorité préconisée par l'Etat dont la finalité est de freiner les importations. Mais toutes les conséquences sont déjà là. Au vu de la spéculation, les pharmaciens n'écartent pas une rupture brutale des stocks dans un proche avenir. Aussi, l'arrêté ministériel du 30 octobre 2008 constitue une entorse pour les plus grandes entreprises. L'arrêté fixe les conditions d'importation des produits pharmaceutiques et dispositifs médicaux destinés à la médecine humaine et oblige les laboratoires à déposer des projets d'investissements. Celui-ci ne semble pas être du goût de plusieurs laboratoires de renom qui misent beaucoup sur la commercialisation de leur molécule mère au lieu de passer à la production des génériques. La production locale tourne autour des 30% tandis que le reste, soit 70% des médicaments, est assuré par les laboratoires européens, américains, chinois et arabes.