Le président de laBanque centrale européenne comme d'autres responsables du même niveau que lui décident rarement d'écourter de mettre fin à leurs visites de travail quelque part dans le monde et de rentrer précipitamment au bercail. Et ce n'est pas pour des considérations de courtoisie diplomatique. Leur temps est précieux, et quand ils se déplacent, c'est qu'il y a sûrement quelque chose à faire. Quand ils y renoncent au milieu également. Sinon plus quand on sait avec quelle précipitation Jean Claude Trichet a quitté l'Australie. Et qu'est-ce qui a donc fait revenir l'argentier de l'Europe dans son bureau à la vitesse de l'éclair qu'il était dans une délicate mission au fin fond de la lointaine Australie ? La Grèce. Athènes et d'autres grandes villes du pays sont en ébullition face à la dégradation sociale, la dette de ce pays pose problème et le risque d'une déflagration générale n'est pas exclu. Et ça tombe plutôt mal pour l'Europe qui cherche dans d'encore vagues perspectives institutionnelles les solutions à une conjoncture dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle est difficile. Pourtant, les solutions chuchotées par Bruxelles au gouvernement grec comme panacée à ses tourments viennent d'être fraîchement consacrées à Athènes. Et c'est précisément ce qui a été la goutte qui a fait déborder le vase : des dizaines de milliers de fonctionnaires dont le syndicat ne compte plus les ralliements étaient hier dans les rues. Mardi soir, le ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, a réitéré les mesures salariales d'austérité prévues dans la fonction publique, à savoir le gel des salaires, la baisse de 10% des primes, la diminution de 30% des heures supplémentaires, l'arrêt total des embauches en 2010, sauf dans les secteurs de la santé, de l'éducation et de la sécurité, et un possible recul de l'âge moyen de départ à la retraite à 63 ans. Ce qui devait rassurer l'Europe l'inquiète maintenant un peu plus, d'où des réunions d'urgence à tous les niveaux des vidéo-conférences et des consultations fébriles pour tenter de «faire quelque chose». Même les investisseurs franchement inquiets avant de se détendre face à la perspective immédiate d'un plan d'aide européenne à la Grèce ne sont maintenant plus rassurés. L'éditorialiste du Financial Times qui appelait à une stratégie de sortie de crise professait ainsi que le sommet des chefs d'Etat qui se tient aujourd'hui «doit affirmer au monde que l'UE résout elle-même ses problèmes». Et les problèmes de la Grèce, alors ? Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir