Les nouvelles augmentations dans le secteur semblent en deçà des attentes et feront l'objet d'appréciation au niveau de la base. Les nouvelles mesures relatives à la valorisation du régime indemnitaire des fonctionnaires du secteur de l'éducation révélées, samedi dernier, par le ministère de l'Education nationale sont différemment appréciées par la communauté éducative. Certes, à l'unanimité, les syndicats parlent d'un acquis arraché grâce à la mobilisation unitaire et aux sacrifices des travailleurs. Seulement, les avis demeurent mitigés par rapport au contenu de ces nouvelles augmentations. Si certains syndicats du secteur de l'éducation ont décidé de surseoir à leur action de protestation annoncée pour les prochains jours, d'autres refusent d'y renoncer tant qu'ils n'ont pas eu des réponses officielles sur les trois dossiers inscrits dans la plateforme de revendications. Les deux principaux syndicats représentant le secteur de l'éducation, à savoir l'Union nationale des professionnels de l'éducation et de la formation (Unpef) et le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), ont décidé de maintenir leur action de débrayage prévue à partir de mercredi prochain. M. Dziri, porte-parole de l'Unpef, exige des pouvoirs publics des réponses concrètes aux autres revendications (médecine du travail et œuvres sociales) et déplore par là même l'attitude du ministère qui a étalé en long et en large « la fiche de paie » des enseignants. « Nous demandons à tous les secteurs de rendre publics les salaires de leurs fonctionnaires. Nous ne comprenons pas pourquoi le ministère ne nous a pas consultés avant de divulguer les salaires des enseignants, nous sommes censés être les premiers concernés », a pesté M. Dziri, qui fera remarquer que les nouvelles augmentations sont en deçà de leurs attentes, mais elles font actuellement l'objet d'appréciations par la base. « Pour l'heure, la base ne s'est pas prononcée en faveur de cette augmentation, néanmoins nous convoquerons une réunion du conseil national dès que la tutelle nous donne des réponses palpables », explique notre interlocuteur. Plus radicaux, les responsables du Cnapest et du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) sont très déçus par les nouvelles augmentations. Si à première vue, lancent ces deux syndicats, ces augmentations « gonflées » paraissent satisfaisantes, à bien les décortiquer, il s'avère qu'elles ont été « grossies artificiellement ». Ces organisations syndicales notent que ces augmentations ont été annoncées pour les travailleurs au 6e échelon c'est-à-dire ayant une expérience de plus de 18 ans. « De ce fait, ce qui est un acquis automatiquement par l'expérience professionnelle (IEP) est présenté comme une augmentation. En plus, la prime individuelle (PRI) n'étant pas annoncée, tout porte à croire qu'elle est intégrée dans l'augmentation annoncée », observe les deux syndicats. Le Cnapest parle carrément de tromperie sur la marchandise. « Ces augmentations varient entre 3000 et 6000 DA et non pas entre 8000 et 10 000DA, car la prime de rendement est variante. Ces nouvelles mesures sont en deçà de nos attentes. Notre grève est maintenue et tant que nous n'avons pas du concret par rapport aux deux autres revendications, nous ne convoquerons pas le conseil, instance suprême du syndicat », a souligné M. Boudiba. M.Sadali du Satef fera remarquer que le dossier des salaires est loin d'être clos, notamment avec l'inflation, comme demeurent encore beaucoup de revendications non satisfaites (logement, œuvre sociales, intégration des contractuels, amélioration des statuts et des conditions de travail). Le SNTE gèle son débrayage De son côté, le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) s'est réuni hier afin de décider de la suite à donner à leur action de protestation de trois jours prévue à partir d'aujourd'hui. Tout en exprimant sa satisfaction « prudente » des mesures prises par les pouvoirs publics, le SNTE opte pour le gel de la grève et demande à la tutelle des éclaircissements sur la nature des nouvelles indemnités. Le SNTE donne toutefois un délai d'un mois au département de Benbouzid pour l'entrée en vigueur des mesures concernant le régime indemnitaire, la promulgation de la loi sur la médecine du travail clairement définie ainsi que la signature de la nouvelle décision sur la gestion des œuvres sociales. De son côté, le Conseil des lycées d'Algérie (CLA), qui a entamé hier une grève illimitée, tiendra aujourd'hui une réunion pour évaluer les nouvelles donnes et trancher la question de la grève. Selon certaines indiscrétions, le CLA peut recourir à la suspension de son action de débrayage afin de mieux réfléchir aux batailles à venir, plus particulièrement la question de la retraite et la réforme qui attend le monde du travail. « L'annonce en grande pompe des nouvelles augmentations des enseignants vise à faire monter la société contre notre mouvement. Donc nous devons faire attention et faire le bon choix », a soutenu M. Achour du CLA, qui ne nie pas que leur mouvement a arraché un acquis important, mais cela demeure insuffisant. « Il s'agit là d'une demie victoire dans le sens où les pouvoirs publics n'ont pas touché à la valeur du point indiciaire, comme ils n'ont pas répondu au problème de la modification des statuts particuliers de l'enseignant et à la question de la retraite après 25 années de travail », a tonné M. Achour, qui rappelle que 12 000 enseignants affiliés au CLA ont répondu hier au mot d'ordre de grève.