Le gouvernement espagnol s'attend à la libération aujourd'hui des trois Catalans enlevés par Al Qaïda pour le Maghreb islamique (Aqmi) le 29 novembre 2009 en territoire mauritanien, transférés le même jour par l'organisation terroriste vers ses bases de Kidal dans le nord du Mali. Hier, cette information était commentée avec insistance par la presse catalane, malgré les consignes de «prudence» dictées à la presse par le ministre des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos qui gardait, hier, un silence qui confirme que la libération des trois otages est imminente. Le gouvernement malien aurait assuré aux autorités espagnoles qu'une rançon – une mallette contenant 2,7 millions d'euros – virée par la fondation Kadhafi pour le compte de l'Espagne, était déjà depuis la fin de la semaine dernière entre les mains des terroristes. L'un des intermédiaires maliens croit savoir que les chefs des groupes de Aqmi à Kidal n'attendaient plus que l'arrivée des quatre terroristes libérés par le gouvernement malien, dont le transfert dans le plus grand secret vers un lieu «sûr» dans le nord du Mali était assuré par une unité d'élite malienne. L'un des conseillers du ministre malien de l'Intérieur, Abdelkador Ba, qui suivent de près les contacts des intermédiaires avec les terroristes, a assuré hier «avoir appris de bonne source arabe proche de Aqmi» que les trois otages espagnols seront remis en liberté aujourd'hui dans la zone de Gao. Cette même source a confié à la presse espagnole sur place que le président Amadou Touré a été informé de la date de cette libération qui intervient quelques jours seulement, comme prévu, après celle de l'otage français Pierre Camatte. Vendredi, alors que se faisaient insistantes les informations sur la libération des Espagnols, durant le week-end, Moratinos avait invité les journalistes à faire «confiance» au gouvernement. Le chef de la diplomatie espagnole, qui venait de féliciter son homologue Bernard Kouchner pour la libération de l'otage français, paraissait plus serein. Cette sérénité était en fait plus nette depuis que des arrangements avaient été trouvés avec les terroristes sur le montant de la rançon et les modalités de son virement par le biais des Libyens. Certaines «sources» targuies, hostiles à la présence de AQMI et surtout aux idées extrémistes qu'ils tentent de propager dans leur communauté, affirment que le tourisme, dans le temps la principale source de leurs revenus, a complètement disparu dans la région. Par contre, disent-ils, pour les intermédiaires maliens de Bamako (entendre les milieux officiels) à Kidal, la prise d'otages est devenue une source de richesse et pas seulement pour les terroristes. Le gouvernement français se serait montré généreux avec certains officiels maliens qui ont conduit «adroitement les négociations», selon l'expression de Nicolas Sarkozy.