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«Le partenariat public-privé est la seule solution pour rattraper le retard économique»
Nadhir Laggoune : consultant international en stratégie d'entreprises :
Publié dans Le Temps d'Algérie le 03 - 03 - 2010

L'Etat devra orienter ses investissements vers un partenariat entre entreprises publiques et privées pour rattraper le retard économique et voir émerger des champions nationaux.
Ces derniers deviendront avec le temps des leaders internationaux si on permet l'investissement à l'étranger, a estimé Nadhir Laggoune, consultant international en stratégie d'entreprises, rencontré en marge de sa conférence sur le thème «L'émergence de champions nationaux : rêve ou réalité», organisée mardi à Alger par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care).
Il est spécialiste dans le conseil en stratégie auprès de dirigeants de multinationales et de PME, pendant plus de 20 ans.
Qu'est-ce qu'un champion national dans une économie ?
Il n'est pas évident de définir ce qu'est un champion national. Toutefois, un champion national est une entreprise qui a une position de leadership dans un secteur d'activité. Cela peut être une question de taille ou de compétence et de potentialité. C'est aussi une entreprise qui a la capacité d'entraînement par son exemplarité dans son domaine.
Y aurait-il des cas en Algérie dans le contexte actuel du marché ?
Oui, bien sûr, un certain nombre d'entreprises se positionnent comme futurs champions et disposent d'une véritable politique volontariste. Le groupe privé Cevital dans l'agroalimentaire a une réelle capacité d'être un champion non seulement national mais également régional voire international à condition qu'il puisse se développer à l'étranger. Cependant, aujourd'hui, comme on (le gouvernement, ndlr) empêche l'investissement à l'étranger, du coup Cevital se développe à l'intérieur du pays.
Autre exemple, l'entreprise Vénus dans le domaine du cosmétique, dotée de potentialités, a émergé en tant que champion. Ce sont de petites entreprises qui ont des capacités de devenir des champions en développant, entre autres, la recherche et le développement, le marketing performant, la politique de recrutement de compétences, de formation de leurs managers et de mise à niveau de l'entreprise aux standards internationaux. Avec l'ouverture des marchés, l'entreprise algérienne doit se restructurer et se moderniser.
Quelle est votre lecture sur la stratégie industrielle telle qu'initiée par l'Etat ?
Aujourd'hui, il n'y a pas de stratégie industrielle en Algérie. Il y a des velléités et un discours. Mais dans la pratique, il existe des changements chaque année, et ce, au détriment de l'investissement. Il faudra des politiques industrielles qui s'inscrivent dans le long terme.
Pensez-vous que le projet de l'Etat de créer des champions nationaux avec les entreprises publiques est un choix judicieux ?
Cela aurait été une bonne stratégie, il y a quinze ans, lorsqu'elles étaient à peu près au niveau technologique du moment. Il se trouve que pendant dix ans on a arrêté les investissements. Il faudra donc réinvestir massivement pour les restructurer avec le risque que cet argent soit mal utilisé. Il serait plus judicieux que cet argent serve au financement des opérateurs privés. Ils en feront meilleur usage.
Certaines entreprises publiques ont des potentialités de devenir des champions, comme Air Algérie qui pourrait devenir un leader de l'aéronautique ou encore la SNVI (Société nationale des véhicules industriels) dans son activité (industrie automobile). Cependant, leurs potentialités ont été fortement réduites par le manque d'investissement pendant dix ans en raison de l'attente des privatisations. Ni les actionnaires ni le management n'ont joué un rôle dans le but de les développer. La compagnie des hydrocarbures Sonatrach possède les potentialités pour devenir un champion international.
Est-ce que les réformes successives de l'économie nationale ont porté atteinte à la stratégie de développement des entreprises publiques ?
On (gouvernement, ndlr) a été en position d'attente d'investisseurs dans le cadre des privatisations en négligeant l'action d'investissement dans le secteur public. Or le monde a évolué avec la technologie en perpétuel essor. Aujourd'hui, des opérateurs privés algériens ont un dynamisme et des capacités managériales importantes.
On (gouvernement) devrait peut-être, au lieu d'avoir une politique dogmatique tout public, voir s'il n'existe pas au sein du secteur privé des opérateurs qu'on devrait associer à cette politique de l'Etat et aller dans le sens du partenariat public-privé. C'est ainsi que nous réussirons à rattraper le retard accusé.
Y aurait-il une étude ou une évaluation sur la question de l'émergence des champions nationaux ?
Il existe un certain nombre d'études. Le ministère de l'Industrie a fait travailler un certain nombre de cabinets dans les différents secteurs sans plus.
Propos recueillis par


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