Le système économique algérien s'est mouillé dans l'esprit de captation des richesses et non celle de création. C'est une économie de rente, enviée par plusieurs nations, notamment d'Occident. Le salut serait la fondation d'un système intelligent tenant compte de la formation des cadres et d'agents capables de propulser et de développer le pays. Ce sont là les éléments de réflexion dégagés hier par des scientifiques et des professeurs réunis à l'occasion d'un workshop organisé par le MDI Alger Business School. Sous le thème «L'enseignement de la gestion dans un pays en transition», les participants ont développé des points de vue et des analyses contradictoires sur le modèle de gestion de l'économie algérienne en faisant un parallèle avec celle des pays capitalistes, pour ne pas dire quasiment ultra capitalistes, dont on peut citer l'exemple de Etats-Unis d'Amérique. L'Algérie qui a pris le choix d'aller vers l'économie libérale après l'expérience socialiste est loin de réussir sa transition. Les scientifiques intervenus hier, entre autres Boualem Aliouat, ont souligné la difficulté d'établir une économie totalement libérale dans un contexte algérien basé sur le système de gestion de la rente. «Les acteurs économiques agissent selon l'option de captage des richesses et non de création de valeurs (…). Cette rente pétrolière a impliqué des comportements difficiles à transformer et à corriger. Il ne s'agit pas de comportements illogiques, mais d'une réalité économique propre au pays», a relevé un professeur d'économie. Quelle alternative ? La question a été abordée et traitée par les participants en soulignant que la Chine qui a été souvent vue comme un pays exportateur de main-d'œuvre et d'ouvriers a accordé beaucoup d'importance à la formation. Le système de formation de cette nation est un modèle type pouvant inspirer les décideurs algériens. «La Chine est considérée aujourd'hui comme un moteur de l'économie mondiale», tient à rappeler le professeur Aliouat. La création d'un système intelligent et l'exploitation de la rente pour le développement du pays ont été fortement recommandées par les différents intervenants. Le regard envers les acteurs économiques publics ou privés ne devrait pas être dicté par les différentes théories économiques et les pratiques internationales. «Il y a bien une réalité algérienne qui diffère de celle des pays développés. Les questions économiques sont différemment appréhendées. La culture du secret est ancrée chez les agents économiques algériens, notamment les privés», a indiqué un enseignant d'Alger refusant d'admettre dans ce contexte que cela pourrait nuire à la santé de l'économie, étant donné l'importance de leur activité dans la vie du pays. Les lois et les décrets ne produisent pas souvent les effets attendus, a ajouté le professeur Boualem Aliouat. Pour étayer ces propos, il a cité la loi de peine de mort adoptée par l'Etat de la Californie contre les auteurs de braconnage des banques. Les voleurs américains ont réagi autrement en décidant carrément de tuer tous les employés des établissements bancaires afin d'éliminer les témoins. La rencontre du MDI sur l'enseignement de la gestion a été marquée par l'intervention d'éminents spécialistes, dont on peut citer les professeurs Houria Tchikou, Mohamed Touati -Tliba et Jamal El Kafi.