Le Premier ministre a remis les pendules à l'heure en ce qui concerne la gestion des affaires économiques du pays. Les déclarations de Ahmed Ouyahia lors de sa conférence de presse, vendredi, sont applaudies par l'économiste Salah Mouhoubi, qui a eu à travailler avec le Fond monétaire international (FMI) en qualité de responsable au sein de la Banque d'Algérie. Le Premier ministre était catégorique au sujet de la reprise du crédit à la consommation et de la levée du crédit documentaire. «Il n'y aura pas d'annulation du crédit documentaire, ni des nouvelles dispositions relatives au crédit à la consommation», a-t-il affirmé, ajoutant que «le FMI avait tendu la corde jusqu'au risque de rompre» lorsque l'Algérie avait fait appel à son soutien, alors que d'autres pays, à l'instar de la Grèce, mobilisent actuellement les gouvernements européens afin de prêter sans contrepartie. L'Algérie avait décidé de payer avec anticipation sa dette extérieure, 40 milliards de dollars, dans le but d'échapper au diktat des pays préteurs et de cesser la destruction de son économie, dont on peut citer, entre autres, les industries locales, l'agriculture et le marché bancaire. «Nous n'avons pas d'oukases à recevoir du FMI», a précisé Ouyahia, signifiant par là que l'Algérie n'a aucun intérêt à gratter de cette institution financière. D'ailleurs, le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a affirmé vendredi que le stéréotype du Fonds est toujours celui d'être «le méchant» dans les pays africains, appelant à cette occasion à un changement. Au sujet de la déclaration du Premier ministre, l'économiste Salah Mouhoubi affirme qu'elle mérite des applaudissements, en ce sens que les recommandations du FMI, de relance du crédit à la consommation et des privatisations en Algérie, visaient plutôt à défendre les intérêts privés des grandes compagnies et multinationales. Ces recommandations n'apportent aucun bien à l'économie algérienne. «Sincèrement, je suis très content et satisfait des décisions prises par le gouvernement algérien. Le Premier ministre a réaffirmé que notre pays n'est pas soumis aux décisions du FMI. Ce sont des mesures souveraines méritant notre soutien», a tenu à nous confier cet économiste et docteur d'Etat ayant travaillé pendant des années avec les responsables du Fonds à la banque d'Algérie. Quant au maintien du crédit documentaire, l'économiste a souligné qu'il s'agit d'une disposition appliquée à l'échelle internationale permettant la traçabilité des flux financiers, suggérant à l'Etat d'adopter d'autres mécanismes de facilitations aux entreprises productrices de richesses en Algérie. Quelle sera la réaction du FMI vis-à-vis de l'Algérie ? Les responsables du FMI vont-ils prendre d'autres mesures réactionnaires ? L'économiste est persuadé que l'Algérie n'a rien à craindre de cette instance, étant donné sa situation financière. «C'est le FMI qui a sollicité l'Algérie à acheter ses obligations et non pas le contraire. C'est eux qui ont besoin de nous. Nous n'avons rien à craindre», a tenu à expliquer cet économiste. Nous avons tenté de faire réagir d'autres responsables et experts, à l'instar du délégué de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), Abderrahmane Benkhalfa et l'économiste Djoudi Bouras, exerçant comme responsable au Conseil national économique et social, mais ils préfèrent ne pas faire de déclarations à ce sujet, estimant que l'Etat a pris des décisions souveraines.