La situation sociale dans la vallée de la Soummam ne prête guère à l'optimisme. Les fléaux sociaux y ont pris une courbe ascendante ces dernières années, au point où les maux de la société sont étalés au grand jour, tellement l'impunité est érigée en règle. La situation sociale dans cette région n'est qu'un prototype de ce qu'est devenue la société algérienne durant cette décennie, laquelle a perdu ses repères. C'est la corruption quasi-totale des mœurs. Les valeurs morales dont se targuait notre société jadis ne sont que de bons vieux souvenirs. Elles sont foulées au pied. Les comportements ont beaucoup changé, de l'avis de beaucoup de gens, qui assistent médusés à des comportements étranges et étrangers à nos mœurs et traditions. La drogue fait des dégâts parmi les jeunes Le constat est alarmant. La drogue «brasse» la masse juvénile de la Vallée, et sa consommation est banalisée. Dans la rue, on voit un jeune rouler une cigarette bourrée de kif, au vu et au su de tout le monde. Du je-m'en-foutisme désarmant et insolent. La vente de drogue a fait du chemin. Le mal a atteint déjà la «moelle» de la société. C'est décoiffant de savoir qu'il y a dans la vallée des coins où les vendeurs écoulent des morceaux ou des plaquettes de chira en toute quiétude. A Tazmalt, pour l'exemple, il y a le jardin public, qui n'est d'ailleurs pas le seul lieu dans cette ville, où des vendeurs de drogue écoulent leurs «tickets» pour le nirvana en toute quiétude. Ailleurs, dans la rue, la vente se fait sous le manteau. L'échange se fait comme dans un tour de prestidigitateur. Billets de banque et morceaux de zetla sont échangés dans l'impunité totale. La prostitution s'étend S'il y a un autre fléau qui a pris de l'ampleur dans la vallée de la Soummam, c'est bien la prostitution. Elles ne sont pas forcément de la vallée, ces prostituées qui se pavanent dans les rues des villes de cette région, à visage découvert, sans scrupules, et au nom d'on ne sait quelle démocratie et liberté individuelle et collective que quelques journaux défendent bec et ongles. La liberté de corrompre la société ? En tout cas, ces personnes le font pour diverses raisons : pauvreté, divorce, perte de la virginité, recrutée par d'autres prostituées... La lutte contre ce fléau à du chemin à faire, nonobstant le fait que dans les villes balnéaires, à l'instar de Melbou et Aokas, où les forces de sécurité ont procédé récemment à l'arrestation de contingents de prostituées, ailleurs dans la même wilaya, ces personnes ne sont guère inquiétées. Pis encore, elles font du racolage en plein jour. Les conséquences qu'induit ce fléau sont insoupçonnées et peuvent passer inaperçues, comme les maladies sexuellement transmissibles ou les MST (sida, syphilis), le prosélytisme. Le recrutement se fait parmi les jeunes filles fugueuses, pauvres, déshonorées... en vue de les exploiter et de les utiliser dans le commerce sexuel par des proxénètes et autres barons de la luxure. Recrudescence des vols, des viols et des agressions S'il y a quelque chose de préoccupant dans la vallée de la Soummam, c'est l'augmentation des vols et des agressions. Notre société devient de plus en plus méchante, agressive... Il ne se passe pas un jour où l'on ne signale pas ce genre de faits. Des hold-up de bijouteries en plein jour (Tazmalt, Ighil Ali, Ighzer Amokrane...), des cambriolages de commerces, d'habitations, des vols de bétails... Les agressions sont quotidiennes. A voir les centaines d'affaires enrôlées dans les différents tribunaux de la région, on se fait une idée des comportements des citoyens qui pour de multiples raisons utilisent la violence soit pour se faire justice, soit prendre le dessus par la force sur leurs antagonistes, soit agresser dans le but de délester les autres. Par moments, les habitants de la Vallée se trouvent pris dans la spirale de la psychose qui ne s'estompe que quelques jours après. Comme les récents hold-up de bijouteries qui ont crée une panique parmi les bijoutiers et la population, qui se demandent si l'on est bien dans un Etat de droit. Multiplication des débits illicites de boissons alcoolisées Ils se comptent par dizaines ces bouis-bouis qui essaiment la vallée de la Soummam. Ils sont situés le plus souvent à proximité des habitations, ce qui n'est pas sans créer des conflits et des tensions entre les tenanciers de ces lieux et les riverains, qui ne savent plus à quel saint se vouer, afin de faire cesser ce genre d'activité illicite. Toutefois, il n'est pas rare d'apercevoir des jeunes gens se saouler sans aucune pudeur ni respect pour les habitants. Pis encore, il se passe que des jeunes ivres empruntent les transports publics, en mettant dans l'embarras et les transporteurs et les voyageurs. Ces lieux, dont quelques-uns portent des enseignes «fast-food», sont aussi des lieux de débauche et de consommation de stupéfiants. L'alcool fait des ravages parmi la masse juvénile. Sa consommation s'est accrue, ces derniers temps, avec des consommateurs de plus en plus très jeunes. Chômage endémique, paupérisation et mendicité galopante Le chômage n'a pas reculé d'un iota dans la Vallée, au contraire, ce fléau tend à s'accroître, surtout parmi les jeunes diplômés, qui trouvent beaucoup de difficultés à se caser. Le marché du travail est en constant déséquilibre. La demande est toujours largement au-dessus de l'offre. Dans les agences d'emploi tel l'Anem, les offres sont distillées au compte-gouttes. Des centaines de demandeurs d'emploi s'agglutinent chaque jour devant ces agences dans l'espoir de décrocher un emploi. Toutefois, bon nombre d'entre eux rentrent bredouilles chez eux. Les concours de recrutement sont rares. Et si concours il y a, des centaines de candidats se présentent pour un ou deux postes seulement. Ce fléau est derrière la paupérisation d'un bon nombre de ménages qui avec la cherté de la vie voient leurs revenus laminés, surtout si tous les membres de la famille ne travaillent pas. Ce sont surtout les ménages qui vivent en milieu rural qui sont les plus paupérisés. La mendicité a atteint un pic alarmant dans la vallée de la Soummam. Les mendiants, essentiellement des femmes, font la manche dans toutes les villes. Ils se comptent par centaines, si ce n'est par milliers. Des handicapés, des vieilles, des jeunes femmes avec leurs bébés, des vieux et même des enfants demandent l'aumône aux passants.