C'est un Belkhadem très confiant, après le plébiscite dont il a été crédité dès le premier jour du 9e congrès du FLN, qui s'est présenté hier à la conférence de presse, heureux que les quelques remous lors du déroulement des travaux sont à mettre à l'actif de «l'ignorance des règles» pour annoncer qu'il n'y a pas de crise au sein du FLN ni d'opposition idéologique, les conflits ayant été résolus avant le congrès. Les «objectifs politiques et organisationnels» du congrès, «réussi sur tous les plans», ont été réalisés, selon lui, grâce à la mobilisation des militants, indiquant qu'il n'y a pas de «zaïmisme» au sein du parti, contrairement à ce qu'avaient prétendu certains. Le secrétaire général du FLN, «élu» pour un deuxième mandat de 5 ans, reconnaîtra toutefois, en s'attardant sur la composition du comité central et du bureau politique à élire, qu'en matière de représentativité, notamment de la femme, les objectifs n'ont pas été atteints. Elles sont seulement 45 à siéger au sein du comité central, instance (appellation) reprise à la faveur du 9e congrès, soit un taux de 13%. «C'est mieux qu'avant mais c'est moins que nous le souhaitions», dira le conférencier, révélant que les fils de chahid sont représentés par 50 membres, les anciens moudjahidine par 60, alors que, explique-t-il encore, pour étayer la démarche de rajeunissement du parti, 8% seulement des membres du comité ont plus de 50 ans et 75% de ses membres sont des universitaires. A une question sur des membres du comité central qui auraient été poursuivis en justice, Abdelaziz Belkhadem affirmera que s'il y a un problème du genre, le FLN s'y est déjà préparé, ajoutant à propos de l'absence de Abdelhamid Mehri et de Ali Benflis que ces derniers «n'ont même pas assisté aux travaux du congrès», mais qu'ils restent toujours des militants du parti. Pour la lettre adressée par Mehri, Belkhadem dira l'avoir lue dans la presse indiquant qu'«il n'était pas possible d'ouvrir le dialogue qu'il prône, devant le congrès marqué par la présence de 5000 participants». Dans le même registre, le SG du FLN écartera toute présence de deux membres d'une même famille au sein du bureau politique, indiquant que «le FLN n'est pas une fratrie». Le président de la République, «qui est également président du FLN», insistera Belkhadem, n'impose pas les membres du bureau politique. «Le collège électoral est souverain», argue-t-il, avant de réaffirmer la volonté de tous les militants de dépasser les conflits, et la nécessité d'unifier le discours du FLN, un parti qui n'est, selon lui, «ni de droite ni conservateur». Pour lui, il n'y a pas de zaïmisme au sein du FLN, et son plébiscite par le congrès dès le premier jour, et pas par le comité central, est somme toute logique, dans la mesure où il y a avait, selon Belkhadem, deux propositions, à savoir l'élection par le comité central ou le congrès, et «c'est la deuxième option qui a été retenue», explique-t-il, affirmant que les quelques remous et mécontentements lors du congrès sont dus à l'ignorance des règlements, et que les quelques exclus devraient s'adresser à leur base. Cinq recours contre l'exclusion ont été adressés par les mouhafadhate, révèle-t-il, que prendra en charge la justice, car n'étant pas prévus par les statuts. Résoudre les problèmes sociaux, renforcer le contrôle Interrogé sur la révision «profonde» de la Constitution qu'il avait revendiquée, Abdelaziz Belkhadem affirmera que ce n'est pas une priorité. «Les urgences du moment sont la résolution des problèmes sociaux et le renforcement du contrôle», avoue-t-il, allusion faite aux grèves dans les secteurs de l'éducation et de la santé. «Il y a des problèmes sociaux auxquels il faut trouver des solutions en toute urgence, dans le cadre de la loi»", déclare-t-il, ajoutant qu'«au FLN, nous prônons le dialogue». Il refusera dans ce registre de répondre aux propos de Ahmed Ouyahia qui avait déclaré que les syndicats font objet de récupération politique, lui-même ayant reçu l'intersyndicale de la santé publique. «Chacun est responsable de ce qu'il avance», s'est-il contenté de dire. L'autre priorité revendiquée par Belkhadem, sans doute dictée par les scandales de corruption qui ont éclaté ces derniers temps, a trait au renforcement du contrôle. Pour lui, il faut une sorte de «densification institutionnelle», comprendre par là renforcement de l'arsenal juridique, «pour développer un système de contrôle afin de réduire la mauvaise gestion». Un front international pour la criminalisation du colonialisme Abdelaziz Belkhadem s'est par ailleurs exprimé sur la loi incriminant le colonialisme, soulignant la disposition du parti du FLN à poursuivre ses actions à un niveau international pour incriminer le colonialisme sous toutes ses formes dans le cadre de l'organisation des Nations unies (ONU). «Il faut un front international pour criminaliser le colonialisme, qui n'est pas spécifique à l'Algérie», argue-t-il, indiquant qu'«il est préférable que ce soit décidé par l'assemblée générale des Nations unies». S'agissant des relations avec la France, sérieusement entamées par les déclarations officielles françaises au sujet du même projet de loi, le conférencier dira également que «le FLN continuera à exiger que le devoir de mémoire ait sa place dans nos relations avec la France». Il réitérera enfin la position de son parti à propos de l'abolition de la peine de mort.