Une cinquantaine de personnes pourraient avoir été tuées dans les affrontements entre opposants et forces de l'ordre qui ont éclaté hier à Bichkek, capitale du Kirghizistan. L'agence de presse officielle Kabar, qui cite le ministère de la Santé, fait état de 17 morts et de 142 blessés. Par ailleurs, on apprend que le ministre de l'Intérieur, Moldomoussa Kongantiev, a été tué, vraisemblablement par des manifestants de l'opposition qui réclament la démission du président Kourmanbek Bakiev. Selon les correspondants de presse, les troubles ont gagné tout le pays, contraignant les responsables politiques à se déplacer dans plusieurs régions pour ramener le calme. Les médias locaux avaient annoncé tôt hier que le ministre de l'Intérieur et le premier vice-Premier-ministre du Kirghizstan, Akylbek Japarov, étaient retenus en otage dans la ville de Talas par des manifestants d'opposition et qu'ils avaient été tabassés. Les deux responsables s'étaient rendu à Talas afin d'y rétablir l'ordre après que des manifestants d'opposition aient pris le contrôle mardi du siège de l'administration locale et de la police. La situation demeure très tendue à Bichkek où opposants et forces de l'ordre se sont affrontés aux abords de la présidence. Des milliers de manifestants tentaient de prendre d'assaut l'édifice. Selon les sources officielles, 17 personnes ont été tuées - la plupart par balle - et 142 personnes ont été blessées. Des sources sécuritaires ayant requis l'anonymat font état d'une cinquantaine de morts. L'état d'urgence a été décrété dans tout le pays. Par ailleurs, des centaines de manifestants ont pris le contrôle hier à Bichkek du siège de la télévision du Kirghizstan, où toutes les chaînes télévisées n'émettaient plus. Les correspondants de presse confirment également l'arrestation de trois chefs de l'opposition kirghize, dont un ex-candidat à la présidentielle. Les trois hommes ont été inculpés de «crimes graves» par le procureur de la ville de Talas qui a indiqué qu'une enquête a été ouverte contre d'autres opposants et que plusieurs participants aux troubles à Talas ont été interpellés. L'opposition kirghize a multiplié les manifestations et les déclarations antigouvernementales ces derniers mois, accusant le régime de Kourmanbek Bakiev de corruption.