Plus de 130 personnes - soldats, policiers et civils- ont été blessées hier lors de heurts entre les forces de l'ordre et les opposants au gouvernement d'Abhisit Vejjajiva. Des coups de feu ont aussi été tirés en l'air au cœur de la vieille ville à Bangkok. Par ailleurs, plus de 500 manifestants anti-gouvernementaux ont par ailleurs pris position sur l'esplanade située devant le palais du gouverneur de Chiang Mai, principale ville du nord de la Thaïlande, pour réclamer la démission du Premier ministre Abhisit Vejjajiva. Des dizaines de milliers de soldats et de policiers sont mobilisés dans la capitale, notamment autour du principal quartier commercial, occupé depuis huit jours par des milliers de chemises rouges, partisans de l'ex premier ministre en exil Thaksin Shinawatra. Les leaders de l'opposition ont pris des dispositions pour contrer une éventuelle évacuation de force en disposant des camions et des véhicules en travers de certaines intersections. Les manifestants se disent en outre décidés à rester dans la rue jusqu'à ce qu'Abhisit annonce la dissolution du Parlement. Les chemises rouges occupent également le quartier commercial et touristique de Ratchaprasong, provoquant selon d'énormes pertes à l'activité hôtelière. Face aux manifestants, des soldats et des policiers antiémeute ont été massés près de deux campements des opposants au gouvernement, ce qui laisse craindre une intervention musclée après un mois de manifestations dans la capitale thaïlandaise. L'armée a en effet précisé qu'elle allait tenter de reprendre le contrôle d'un des lieux de rassemblement. Les chemises rouges, qui estiment illégitime le gouvernement d'Abhisit, ont promis d'accentuer la pression sur le gouvernement et ce, en dépit des fêtes du Songkran, le nouvel an thaïlandais. La Thaïlande est en état d'urgence depuis mercredi 7 avril. Cette mesure implique des couvre-feux, interdit les rassemblements publics, censure les médias et place des individus en détention durant 30 jours sans qu'aucune inculpation ne soit prononcée à leur encontre. Vendredi, les chemises rouges ont pu pénétrer dans le siège de leur télévision et rallumer, pendant deux heures, le faisceau de la Chaîne du peuple, stoppée la veille sur décision du pouvoir. Les émissions de la chaîne ont cessé ensuite après que les forces de l'ordre ont pris le contrôle du site. Les manifestations des chemises rouges secouent la capitale depuis près d'un mois maintenant. Au total, la justice a déjà émis 27 mandats d'arrêt contre des dirigeants de l'opposition. Le mouvement des chemises rouges est surtout composé de paysans et ouvriers qui réclament le retour de Thaksin Shinawatra, Premier ministre renversé par un coup d'Etat militaire en 2006. Il a depuis été condamné par contumace pour corruption et abus de pouvoir et vit en exil.