Pour la majorité de nos décideurs, le plus grand défi qui attend notre pays dans les années à venir est la diversification de l'économie de l'Algérie. Un défi majeur car il met en question la durabilité de la croissance économique et des grands équilibres macroéconomiques. Autrement dit, notre pays doit se libérer de la grande dépendance des hydrocarbures, des matières premières soumises aux fluctuations du marché pétrolier, un marché volatil et fragile qui obéit souvent à des considérations non économiques, voire irrationnelles et spéculatives. Pour les spécialistes, l'année 2000 aura été le point de départ d'une série de mesures importantes, caractérisées avant tout par le rétablissement de la confiance sociale, impératif sur lequel toute politique de confortement des équilibres macro de l'Etat doit se baser. Le rétablissement de ces grands équilibres lourdement malmenés à partir de 1986, lors du choc pétrolier, et les bouleversements sociaux et économiques, dus à l'instabilité politique et l'intrusion du Fonds monétaire international, exigeait le lancement d'une politique volontariste axée sur la relance à travers l'intervention de l'Etat dans le soutien de la dépense publique pour doper la croissance. D'ailleurs, l'analyse du tableau économique du pays en 1999 montrait une inquiétante dégradation des principaux indicateurs : une croissance économique passant de 5%, en moyenne sur la période 1981-1985, à 0,4% en 1986. Un prix du baril de pétrole brut passant de 33dollars, en moyenne sur la période 1980-1985, à moins de 15 dollars en 1986, des recettes d'exportations d'hydrocarbures, passant de 13 milliards de dollars, en moyenne sur la période 1980/1985, à 8 milliards de dollars en 1986. On l'oublie assez souvent, mais la première grande décision économique de ces dix dernières années aura été la création du fameux FRR, Fonds de Régulation des Recettes, première étape avant la mise en œuvre du programme de soutien à la relance économique lancé en avril 2001. Ce Fonds avait pour mission de réguler nos recettes obtenues grâce aux exportations du pétrole et du gaz, afin de financer les programmes d'investissements publics, marqués par l'importation coûteuse de biens d'équipements et de services et d'assurer les approvisionnements nécessaires en biens alimentaires et autres produits. De même qu'il devra reconstruire nos capacités financières à moyen terme, les fameuses réserves officielles de change. Une croissance de 6% hors hydrocarbures Si les réserves financières ont été «gonflées» grâce au boom des marchés du brut au cours des cinq dernières années, permettant à l'Algérie de disposer de capacités inespérées susceptibles de garantir nos importations stratégiques pour plus de quarante mois, le rétablissement des équilibres macroéconomiques du pays ne peut être que l'œuvre d'une action rigoureuse menée par le gouvernement depuis 1999, notamment dans l'approche des réformes structurelles et la lutte contre les déviations inflationnistes. C'est ainsi qu'en l'espace de douze ans, le taux d'inflation qui dépassait les 30% en 1995 a été contenue dans une fourchette acceptable entre 3 et 5% depuis 2007. Depuis 2001, le pays a lancé un programme ambitieux de relance économique et de soutien à la croissance s'étalant sur neuf ans, mobilisant une enveloppe budgétaire additionnelle atteignant 140 milliards USD. Cette politique a fortement crée des répercussions positives sur plusieurs secteurs, dont l'agriculture, les services, le bâtiment et les travaux publics depuis 2006. (voir tableau ci dessous). Selon des sources de la Direction générale de la prévision et des politiques au sein du ministère des Finances, «la croissance économique se positionne ces dernières années à 6% hors hydrocarbures, l'inflation contenue grâce à la politique monétaire menée au plan de la reprise de l'excès de liquidité et au FRR, une tendance baissière du taux de chômage réalisée par l'action budgétaire en direction des multiples dispositifs d'emplois opérationnels comme l'agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes, l'aide à l'insertion professionnelle des diplômés». Les mêmes sources indiquent qu'en plus de ces retombées favorables sur le plan macroéconomique, «les actions prises au plan de la sécurisation de la dépense publique et du paiement par anticipation de la dette extérieure, ont permis l'absorption du choc de la crise financière internationale, sans remettre en cause la poursuite des programmes d'investissements publics, estimant que la véritable situation d'équilibre de notre économie sera atteinte avec la consécration de la diversification et la réduction continuelle de la dépendance aux recettes des hydrocarbures».