Au cours de sa conférence de presse, hier, à Alger, le président du Fonds monétaire international, Rodrigo de Rato, a recommandé aux autorités algériennes l'usage pertinent des recettes des hydrocarbures et déploré le niveau de chômage élevé. L'Algérie devra gérer plus rationnellement ses ressources financières, bien utiliser l'argent du pétrole si elle veut relever les défis de la lutte contre la pauvreté et contre le chômage qui reste élevé en Algérie. C'est ce qu'on appelle une bonne allocation des ressources, une meilleure efficacité des dépenses publiques. “Allez aux réformes structurelles de façon ordonnée, transparente. Vous avez fait de grands efforts, ne les perdez pas, ne les gaspillez pas. Cela vous a coûté sur le plan social. Attention à ne pas gâcher cette exceptionnelle opportunité (45 milliards de dollars de réserve en devises) d'assurer une croissance élevée, durable, créatrice d'emplois et de réduire la dépendance vis-à-vis des fluctuations des prix du pétrole ! Car sans croissance, il ne peut y avoir de développement, en un mot d'amélioration de la situation et des conditions de vie de la population.” Tel est le message implicite qu' a voulu adresser le directeur général du FMI, M. Rodrigo de Rato, à l'issue de sa première visite en Algérie, aux gouvernants et citoyens algériens. Il ressort de sa déclaration, à la conclusion de sa mission à Alger, d'une part, un satisfecit du Fonds monétaire international sur les remarquables résultats macroéconomiques enregistrés par l'Algérie. “L'Algérie a progressé dans la transition d'une économie contrôlée par l'Etat vers un système d'économie ouverte, fondée sur le marché. Elle a enregistré des succès remarquables dans le rétablissement de la stabilité macroéconomique, des avancées dans la libéralisation du commerce extérieur, et une accélération de la croissance économique.” D'autre part, le directeur de cette institution financière internationale a nuancé par la suite l'appréciation du fonds. Ses recommandations sonnent comme des avertissements : “Il reste des défis majeurs à relever pour accélérer durablement la croissance et absorber un taux de chômage qui demeure élevé. La stabilité politique accrue de l'Algérie et la solidité de sa situation créent à cet égard une fenêtre d'opportunité idéale.” Traduire : ne gâchez pas cette chance exceptionnelle de sortir de vos difficultés. Second avertissement, l'impérieuse nécessité de bien gérer l'argent du pétrole : “Il est essentiel en l'occurrence que les richesses en hydrocarbures fassent l'objet d'une gestion avisée tenant à la fois compte des besoins d'infrastructures, des dépenses sociales et de l'importance du maintien de la stabilité macroéconomique (…) À cet égard, il n'est pas question du solde budgétaire, mais également de l'efficacité et de la transparence du processus budgétaire.” Troisième avertissement : les politiques macroéconomiques ne suffisent pas à assurer des taux de croissance élevés qui permettent de créer des emplois, de faire reculer la pauvreté et de relever le niveau de la population. Pour relever ces défis, il convient de mettre en œuvre de profondes réformes structurelles. Principalement la mise en place d'un secteur bancaire solide, processus d'intégration à l'économie mondiale. Autrement dit, le statu quo en matière de réformes s'avère très coûteux sur le plan social. Dans la foulée, le directeur général du fonds préconise la nécessité de renforcer le contrôle bancaire et de privatiser plusieurs banques afin d'accélérer l'acquisition du savoir-faire et des pratiques modernes dans le secteur. Il ressort de ses réponses lors de la conférence donnée hier qu'il y a un consensus incluant y compris l'UGTA sur la nécessité de privatiser certaines banques publiques. Dans les chantiers de coopération futurs du FMI avec l'Algérie, le fonds va aider, a-t-il indiqué, l'Algérie à réussir son insertion dans le commerce international et son intégration économique régionale. Le FMI a, par ailleurs, proposé aux autorités d'organiser un séminaire à Alger sur la facilitation du Maghreb à l'automne. Quant à la prochaine consultation du fonds, destinée à évaluer de nouveau la situation de l'économie algérienne, elle aura lieu en juillet prochain. N. R.