«La situation est très grave», selon les responsables des compagnies aériennes rencontrés hier dans l'enceinte de l'aéroport international Houari Boumediene à Alger. Le nuage de cendres volcaniques venu d'Islande devrait continuer à provoquer des perturbations au moins jusqu'à lundi, affectant plusieurs dizaines de milliers de passagers. Le directeur de permanence de l'aéroport Houari Boumediene, Benmoumen Mustapha, a informé que «11 vols à destination de Paris, Frankfurt, Londres sont annulés et la reprise du trafic aérien dépendra des conditions météorologiques». Plus explicite, M. Benmoumen a déclaré que les nuages avancent vers le sud charriant des particules qui peuvent affecter les réacteurs des avions. «C'est pour cela que les compagnies ne veulent pas s'aventurer à naviguer», explique-t-il. Les guichets des compagnies aériennes sont bondées de monde, les passagers sont inquiets et l'information peine à décoller. «Nous sommes abandonnés à notre sort sans aucune clarification, ni information, j'arrive de Biskra, j'ai des enfants en bas âge et la compagnie Air France ne veut pas me prendre en charge», fulmine Boubekeur. En France, la compagnie Air France a annoncé que 1500 chambres d'hôtel ont été réservées pour les voyageurs qui devaient prendre l'avion pour les journées du 16 et 17 avril en cours. A Alger, les passagers seront dans l'obligation de se prendre en charge eux-mêmes puisqu'aucune compagnie ne veut mettre les mains dans la poche pour une telle prise en charge, excepté les cas de force majeure, à l'image des passagers malades. Le chef d'escale d'Air France, Mario Oscar, intervient aussitôt pour éclaircir la situation : «Nous sommes dans la même situation que nos passagers, nous ne pouvons décider seuls, les aéroports français sont fermés et nos avions sont bloqués là-bas, d'ailleurs, la direction générale d'Air France a fait appel à nos avions qui desservent les Etats-Unis et le Japon pour désengorger les autres lignes.» Et d'ajouter : «Nous proposons à nos clients le report de leur voyage et le remboursement pour les passagers pressés de rentrer par d'autres moyens, c'est-à-dire le bateau.» S'agissant des passagers qui viennent de loin et ne peuvent retourner chez eux en Algérie, la compagnie française a refusé toute prise en charge, car selon le même responsable, «c'est une catastrophe naturelle et la compagnie n'a rien à voir». Même politique chez Aigle Azur qui a eu la chance d'effectuer un départ de Paris et c'était d'ailleurs le dernier. Mais pour le moment, la compagnie propose à son tour le report du voyage ou éventuellement le remboursement du billet. Le directeur régional de la compagnie en Algérie, M. Fauveau, a déclaré : «Aigle Azur ne peut déroger à la règle puisque la décision émane de l'autorité de régulation de l'aviation civile, nous sommes en stand-by.» La pire situation est vécue chez Air Algérie, la compagnie nationale qui à travers ses agents ne communique rien sur les changements qu'elle apporte, notamment pour les deux vols supplémentaires à destination de Marseille où les places sont cédées par le biais de connaissances et autres affinités. «Je dois faire intervenir un général ou un directeur pour pouvoir rentrer chez moi à Paris ?» Nous avons tenté d'approcher le responsable de l'agence Air Algérie de l'aéroport Houari Boumediene, en vain. La seule réponse qui nous a été donnée est : «Allez voir ailleurs, appelez la cellule de communication de la direction générale.» Les impacts négatifs du volcan Selon le directeur commercial de la compagnie française Air France, Pierre Marc Teboul, «les compagnies aériennes vont connaître des pertes financières très importantes, d'ailleurs Scandinavia Airlines a annoncé pas moins de 2500 employés qui seront mis au chômage technique», a-t-il dit. Avant de revenir sur la situation du transport aérien français qui a connu une baisse considérable, «nous étions à 16 000 vols, nous sommes actuellement à 6000 seulement et cela après cinq jours de l'éruption volcanique». Pour rappel, la dernière éruption volcanique d'Islande remonte à l'an 1850 et elle a duré près d'un an. «Nous espérons que celle-ci ne durera pas longtemps», a encore ajouté M. Teboul. Les aéroports aussi vont sentir cette baisse car en France, à titre d'exemple, pas moins de 30 aéroports sont déjà fermés, ce qui aura des effets néfastes sur les activités de ces structures. En attendant la fin de l'apocalypse, les passagers et les compagnies sont en stand-by.