Le gouvernement britannique a donné son feu vert à l'extradition de Rafik Khelifa vers l'Algérie. C'est ce qu'a annoncé hier un porte-parole du ministère britannique de l'Intérieur. Visiblement c'est la fin de cet imbroglio juridique qui a duré 7 années, puisque le 30 avril a été donné comme date butoir après le report décidé en mars. L'Algérie n'a reçu, à ce jour, aucune réponse officielle de la part de la justice britannique. Mais cette sortie médiatique du porte-parole britannique confirme un peu plus les rumeurs qui ont circulé ces derniers mois. Après les quatre reports que la loi anglaise accorde, le ministère rend enfin son verdict. Lui qui a demandé trois reports de suite. La justice anglaise a déjà rendu sa décision concernant l'extradition de Khelifa lors d'une séance au tribunal de Westminster à Londres. A l'issue de cette décision, le juge Timothy Workman avait estimé que l'extradition de Khelifa «ne contrevenait pas à la convention internationale des droits de l'homme». Pour rappel, la justice britannique a déjà refusé des demandes d'extradition de ressortissants issus de pays européens. Pour les autorités algériennes, ceci dénote la reconnaissance que voue la justice britannique à son homologue algérienne. Ceci étant, le ministère de la Justice algérien a commenté la décision d'extradition comme étant l'aboutissement d'une série de procédures et que l'acceptation de la demande algérienne en la forme et à l'examen ensuite de l'objet de la demande par la vérification des pièces à conviction, en s'assurant que les conditions qui garantissent un jugement équitable du concerné devant les tribunaux algériens sont réunies, et ce, au cours de nombreuses séances d'audition des témoins, d'experts et des plaidoiries des avocats. Il est utile de rappeler aussi que la demande algérienne pour l'extradition de Khelifa est basée sur des documents relatifs à la falsification de l'hypothèque de la villa familiale et d'un local commercial jusqu'à la constitution du groupe Khalifa. Ainsi que d'autres chefs d'inculpation retenus contre le golden-boy, il s'agit de vols survenus au niveau des différentes agences d'El Khalifa Bank sur ordre de l'accusé lui-même, la gestion anarchique et la négligence ayant marqué les transferts de devises sous couvert de diverses transactions qui étaient en réalité, selon la liste des chefs d'accusation, des détournements organisés. Abdelmoumène Rafik Khelifa a été jugé par le tribunal criminel de Blida et condamné, par contumace, à la perpétuité pour ces différents crimes. Suite à quoi le concerné s'est réfugié au Royaume-Uni en 2003, et fut arrêté le 27 mars 2007 sur le territoire britannique dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen. «Le dernier acte se déroulera à Alger et Abdelmoumène Khelifa aura un procès équitable et juste», a tenu à souligner l'éminent avocat, Me Khaled Bourayou, qui a eu à défendre certaines personnes impliquées dans l'affaire dite du siècle. L'avocat a estimé : «la décision prise par le ministère de l'intérieur est une grande victoire et nous ne pouvons que nous réjouir du rôle prépondérant joué par le gouvernement algérien dans cette affaire d'extradition. Il faut se féliciter de cette victoire». Concernant le sort du golden-boy une fois sur le sol algérien, Me Bourayou n'a pas tergiversé sur la sécurité et les droits de Abdelmoumène Khelifa qui vont être assurés par le gouvernement algérien : «Tous les droits de Abdelmoumène Khelifa vont être assurés et il sera protégé selon l'accord passé entre les deux pays, à savoir l'Algérie et la Grande-Bretagne, dans le cadre de cette affaire». Enfin, s'agissant d'un éventuel recours que l'avocate de Abdelmoumène Khelifa, Anita Vasisht, veut introduire, Me Bourayou a déclaré : «Toutes les voies de recours ont été épuisées, il faut attendre juste le jour de l'extradition et préparer un autre procès de l'affaire Khalifa en présence cette fois-ci du premier concerné».