Photo : Riad Par Hasna Yacoub Annoncée par le ministre Tayeb Belaïz, en marge des travaux du Sénat jeudi dernier, pour le 29 décembre prochain, la décision du ministère de l'Intérieur britannique sur l'extradition de Rafik Khalifa vers l'Algérie ne sera en fin de compte connue que le 29 janvier prochain. C'est le ministre lui-même qui a rectifié cette date, hier en marge de sa visite de travail à Bordj Bou Arréridj. Cette décision est très attendue depuis juin dernier où la justice britannique avait accepté d'extrader Abdelmoumene Rafik Khalifa vers l'Algérie. Le juge Timothy Workman du tribunal de Westminster à Londres qui avait pris cette décision avait estimé que l'extradition de Khalifa «ne contrevenait pas à la convention internationale des droits de l'Homme». Il s'est dit également «convaincu» des assurances données par l'Algérie quant au respect des droits de l'accusé qui étaient «à la fois fiables et de toute bonne foi». Restait ensuite l'accord du ministère de l'Intérieur britannique pour l'exécution de l'extradition. Un accord qui devait être donné en date du 24 octobre dernier. Un premier report a été demandé par le ministère britannique, report qui lui a été accordé jusqu'au 7 décembre mais ce dernier a de nouveau demandé un délai supplémentaire pour examiner la demande d'extradition de l'accusé. Une demande qui lui a été accordée jusqu'au 29 janvier. Rappelons que M. Tayeb Belaïz a exprimé, jeudi dernier, le vœu que ce «deuxième report soit le dernier», ajoutant que «le plus important pour l'Algérie est que nous avons obtenu une décision de justice. Le reste relève de la procédure administrative». Il est à rappeler, à ce sujet, précisément que le ministre de la Justice avait expliqué, en septembre dernier, que la législation britannique permet à la Haute Cour britannique de s'opposer à la décision du ministre de l'Intérieur. En d'autres termes, il restera à la partie algérienne un recours à introduire devant la Haute Cour britannique en cas de refus du ministère de l'Intérieur britannique d'extrader Abdelmoumene Rafik Khalifa. Rappelons également que le ministre a assuré que l'instruction de l'affaire Khalifa Airways se poursuit au niveau du tribunal de Cheraga et que les autres affaires liées à ce dossier sont en instance au niveau de la Cour suprême. «Soyez assurés que l'enquête s'est déroulée comme il se devait», a souligné Tayeb Belaïz, soutenant la nécessité pour la justice de «travailler discrètement et efficacement». Précisons enfin que Abdelmoumene Rafik Khelifa est maintenu en détention depuis son arrestation le 27 mars 2007 en Grande-Bretagne à la suite d'un mandat d'arrêt européen formulé par la justice française. Le parquet de Nanterre près de Paris avait ouvert fin 2003 une information judiciaire pour «abus de confiance, banqueroute par détournement d'actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité, blanchiment en bande organisée» et une demande d'extradition a été introduite par la France auprès de Londres. La France a même obtenu le 29 août 2007 le feu vert pour l'extradition de Khalifa. Mais la justice britannique a décidé de suspendre cette décision et de donner la priorité à la demande d'extradition algérienne, estimant lors de l'enquête préliminaire que les motifs de demande d'extradition de Khalifa présentés par la France «ne représentaient qu'une infime partie de l'ensemble des crimes avérés contenus dans la demande algérienne». Abdelmoumene Khalifa qui a été jugé par le tribunal criminel de Blida et condamné par contumace à une peine de prison à perpétuité en mars 2007, bénéficiera d'un nouveau procès, une fois remis aux autorités judiciaires algériennes.