La mouvance talibane du Pakistan a beau répéter qu'elle n'a pas entraîné le djihadiste qui a failli endeuiller l'Amérique mais rien y fait. Avant même que les services secrets pakistanais ne bouclent leur enquête sur de supposés liens entre les talibans pakistanais et l'auteur de l'attentat manqué à Times Square , le ministère de la Justice US a conclu à l'implication du mouvement rebelle au Pakistan dans cette tentative de frappe contre la sécurité nationale de l'empire Yankee. Cela rappelle l'attentat raté de ce jeune kamikaze kenyan à bord d'un avion à destination des Etats-Unis. Après avoir remontés la piste, les enquêteurs du renseignement US avaient rendu leur rapport. Le djihadiste avait bel et bien séjourné au Yémen où le gouvernement de Sanaa n'a pu venir seul au bout de la branche d'Al Qaïda. On connaît la suite, Américains et Britanniques s'étaient ligués pour financer ensemble une campagne antiterroriste sans prendre le risque d'intervenir militairement. De toute façon, les autorités yéménites n'en voulaient pas. Et même si c'était le cas, les deux fidèles alliés n'auraient pas pris le risque d'ouvrir un troisième front de guerre préventive, leurs opinions publiques respectives continuent de montrer un agacement certain à la présence des armées américaine et britannique en Irak ou en Afghanistan. Une guerre par procuration au Yémen ou au Pakistan serait-elle préférable pour ne pas heurter davantage la sensibilité à fleur de peau de l'opinion publique occidentale, contributrice par excellence ? En insistant sur le lien qui existerait entre le poseur de la bombe de Times Square et les talibans du Pakistan, les dirigeants occidentaux, en général, et le Président Obama, en particulier, parviendront-ils à convaincre cette même opinion occidentale de la nécessité de combattre l'islamisme radical sur son terrain et non pas à domicile ? Le discours interventionniste des alliés transatlantiques ne peut qu'être réconforté. Mais à en croire des spécialistes des relations pakistano-américaines, la tentative de déstabilisation sécuritaire des USA à Times Square est annonciatrice de mauvais signaux. Au point que Mme Hillary Clinton perdrait le large sourire qu'elle affichait tout récemment aux côtés du Premier ministre de la République islamique du Pakistan. Un taliban à New York n'est pas pour plaire aux autorités américaines qui auraient pu se retrouver devant un scénario de crise si le djihadiste avait réussi à passer à l'acte. Comment expliquer aux citoyens américains la persistance de la menace terroriste sur le sol US alors que les boys sont censés la stopper sur les champs de bataille préventifs. Le comble des dilemmes. Après le large sourire faut-il s'attendre à un froncement de sourcils de la part de la patronne du Département d'Etat ? Sans le tenir pour responsable direct, quant à la présence d'un taliban à New York, Mme Clinton pourrait bien reprocher à son allié pakistanais de ne pas être à la hauteur de l'espoir des Etats-Unis concernant l'éradication de l'islamiste radical. Les autorités d'Islamabad ne feraient-elles pas assez dans la lutte antiterroriste alors qu'elles ont reçu la première tranche de l'aide financière américaine ? Quand les Occidentaux eux-mêmes reconnaissent que la guerre chez le voisin afghan ne peut être gagnée militairement mais par les voies de la reconstruction, on ne peut que les croire.