Depuis la dernière fois où il nous est passé à la barbe au nez, nous désespérions d'avoir un jour notre part du nuage de cendres qui a fait notre actualité sans qu'on puisse savoir vraiment de quoi il est fait. Injustement privés d'un «don du ciel» dont l'ampleur donnait pourtant l'impression qu'il y en avait pour tout le monde, nous nous sommes rabattus sur ses dommages collatéraux. N'est-ce pas que le monde, encore plus l'Europe, est un village planétaire et que rien de ce qui peut y survenir ne peut nous épargner de ses généreuses éclaboussures ? Nos aéroports étaient ouverts, mais nos avions n'avaient pas où aller. Notre ciel était dégagé, mais nos têtes étaient ailleurs. Il n'y avait qu'Air Algérie pour réussir l'exploit de nous angoisser en nous rassurant : il n'y a aucune incidence sur le pays, nous disait-on. Et il y a eu des incidences. Heureusement. Ne pas voir un nuage venu de si loin et nous voir orphelins même de son merveilleux impact, est-ce qu'on aurait survécu à un tel déni ? Franchement. Mais cette fois nous le tenons, le nuage. Notre bonheur est d'autant plus grand qu'on ne l'attendait pas. Vous savez, ces agréables surprises qui ajoutent de l'émotion à la joie, jusqu'à étouffer d'allégresse. Il nous a échappé quand il passait par Marseille, nous l'avons eu dans un grand détour qui l'a conduit au Maroc, via l'Espagne. La totale. On ne l'attendait pas parce qu'une fois de plus, on a presque réussi à nous angoisser en nous rassurant. Il ne manquerait plus que ça, qu'il survole nos voisins de l'ouest sans nous rendre visite. Allez séparer «les cieux» sur quelques mètres et vous comprendrez que le nuage, une fois annoncé au-dessus du royaume, ne pouvait pas nous échapper, ne serait-ce qu'à «titre symbolique» en effleurant Marsat Ben M'hidi ou en s'égarant dans un passage furtif par Leknadsa. Mais il était à Alger et avec un peu de chance, il peut continuer sa progression ou mieux, «sa marche victorieuse» vers l'Est. Nous n'avons pas vu le nuage de cendres, parce qu'il était précédé d'un nuage sans cèdres venu comme un cheveu sur la soupe tempérer nos ardeurs, mais nous l'avons senti. C'est un peu moins réjouissant si le ciel était dégagé, mais c'est tout de même mieux que de se consoler une seconde fois des dommages collatéraux du village planétaire. La prochaine fois, peut-être. Mais il paraît que le volcan islandais ne va pas se réveiller avant deux siècles. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir