“Cadre d'identités” est plus qu'une exposition simple, c'est une installation, voire une performance artistique, réalisée par le plasticien Tarik Mesli à la galerie Racim à Alger, depuis le 15 mai dernier. À cette occasion, l'intérieur de la galerie a été [ré]aménagé pour mettre en valeur la scénographie de cette installation. Même les deux vitrines ont été peintes en blanc laissant quelques interstices qui attisent la curiosité des passants, les poussant à s'arrêter, à se demander ce qui se passe à l'intérieur et, souvent, à franchir le seuil de la galerie Racim. Telle une promenade, “Cadre d'identités” est une invitation à plonger dans l'imaginaire artistique du plasticien. Sur un parcours de six haltes, le visiteur, dans un premier temps, est perplexe non par la complexité de l'œuvre, mais beaucoup plus par sa composition et son approche. Dans “Reflets”, ce sont vingt toiles collées sur des miroirs encadrés. Des formes – plutôt des silhouettes — y sont découpées, attirant le regard de celui qui est en face. Une sorte d'échange, d'introspection et de renvoi d'image. Un dialogue entre l'interne est l'externe. Juste à côté, sur le panneau voisin, même technique, à la seule différence que cette fois-ci, ce sont les silhouettes découpées dans la précédente installation qui sont reprises. Un jeu de va-et-vient, voire de devinette. À quel cadre appartient la silhouette. Vint ensuite “Lumière bleue”. Une lampe bleue, couleur qui tombe sur du pigment de la même couleur, créant une atmosphère quasi glauque. À côté, on est attiré par un son. Une projection d'images, sur un écran pas comme les autres. Du linge blanc étendu sur une corde, c'est “Elément 34”. Des images de personnes inconnues défilent en boucle... À la dernière étape de ce périple, “Made in Algeria”. Des photographies géantes, où l'on peut voir des personnes au visage caché par un écriteau. “Made in Algeria” aborde la provenance, l'identité du produit. Elle réduit les “gens” à un produit. “Cadre identitaire”, c'est cet incessant va-et-vient, un déplacement des limites. Avec cette impression d'hésitation, Tarik Mesli réduit les frontières entre l'imaginaire et le réel, donnant libre cours à une créativité artistique déroutante et déconcertante, mais aussi étonnante par sa composition, son interprétation.