Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), qui a tenu son conseil national ordinaire avant-hier au salon vert de l'hôtel Lalla Khedidja de Tizi Ouzou, refuse de lâcher la mobilisation. Bien au contraire. Alors que tout le monde pensait que le syndicat avait lâché du lest après la décision de geler le mouvement de grève qui a paralysé les établissements de santé publique des semaines durant, voilà qu'il revient avec un nouveau souffle. Les travaux du conseil, présidé par le président du syndicat, le docteur Lyès Merabet, assisté du chargé à l'organique, le docteur Mustapha Bahloul, ont été riches et passionnés eu égard à l'importance des points inscrits à l'ordre du jour : bilan financier et moral, projet de charte et règlement intérieur de la confédération des syndicats algériens mais surtout la suite à donner au mouvement de protestation. Après avoir approuvé le bilan moral et financier du SNPSP, syndicat qui compte 6722 adhérents sur les 16 000 praticiens déclarés à l'échelle nationale, les différents délégués des wilayas présentes, comme Tizi Ouzou, Alger, Sétif, Tlemcen, Constantine et Oran, ont, à tour de rôle, décortiqué la situation organique du syndicat tout en mettant l'accent sur la nécessité de faire des efforts supplémentaires en matière de mobilisation et de structuration. Par moment, il a fallu beaucoup de tact et de charisme au président afin de recentrer le débat sur l'ordre du jour. C'est la suite à donner à la protestation qui s'est taillée la part du lion lors des débats. Des interventions des différents délégués se sont dégagées deux principales tendances. La première défendait avec tous les arguments possibles la nécessité de reprendre la protestation tant rien n'a été arraché par la précédente grève en ce qui concerne en particulier la question du statut et le régime indemnitaire qui restent les deux principales revendications du SNPSP. La deuxième tendance était plutôt favorable à enclencher un dialogue ou des négociations immédiates et sans conditions avec la tutelle. Les arguments des défenseurs de cette dernière tendance ont été vite battus en brèche par les délégués favorables au maintien de la pression, d'autant que le ministre a refusé catégoriquement de discuter de la question du statut et que le canevas de la loi-cadre portant régime indemnitaire est qualifié de cadenassé. A ce titre, le président du syndicat reviendra sur la signature d'un PV de non-réconciliation avec la tutelle, le gel de la grève, la décision de boycotter toute relation avec la tutelle, les entraves et les pressions exercées sur l'activité syndicale comme la mise sous scellés de la maison des syndicats autonomes, les intimidations que subissent les syndicalistes, les ponctions sur salaires... Il indiquera également que les sanctions comme les ponctions ont généré une certaine démobilisation. Sur la question des ponctions, le délégué d'Ahnif, dans la wilaya de Bouira, laissera plus d'un pantois en déclarant qu'une ponction de trois jours par mois et qui s'étalera sur 30 mois a été décidée à l'encontre des praticiens grévistes. A la fin de ces débats houleux et instructifs à la fois, le conseil a décidé par 31 voix contre 16 de reconduire la protestation (enclencher un autre mouvement de grève dont la nature sera définie ultérieurement) tout en restant à l'écoute d'un éventuel changement dans la dialectique des pouvoirs publics dans le sens d'apporter des solutions aux problèmes posés. En d'autres termes, il n'est pas exclu de voir le SNPSP enclencher un dialogue avec le ministère de la Santé pour peu que ce dernier affiche sa volonté de mettre fin au conflit. Signalons enfin que le règlement intérieur de la confédération des syndicats algériens (SNPSP, Cnapest, Unpef et SNPSSP) a été adopté par le conseil.