L'avocate du pauvre détenu pour un délit que celui-ci n'a jamais commis avait retrouvé toutes ses couleurs à l'issue de la décision sage de Sabrina Hama, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Bab El Oued (cour d'Alger). Une décision allant dans le sens inverse du premier verdict prononcé par défaut à l'encontre d'un jeune dûment autorisé à exercer dans le périmètre permis aux seuls détenteurs de permis d'exercer. Le mandat d'arrêt aussi avait révolté le défenseur plaide haut pour rabaisser le premier verdict au ras des plaquerettes. Et puis pourquoi, en l'absence de l'inculpé, a-t-on pris le risque de décider d'un chapelet de catastrophes : peine de prison ferme, amende et mandat d'arrêt qui avait constitué à l'époque une véritable bombe à fragmentation, et personne au sein de la famille du pauvre condamné n'avait pu supporter ce maudit mandat d'arrêt. Et ce qu'avait craint la famille arriva. Le jeune devait vider le mandat d'arrêt à Serkadji, qui n'est pas un «cinq étoiles» ! Heureusement que le tribunal qui demeure une juridiction à preuves avait sous les yeux et entre les mains les fameuses preuves qui ont fait que le détenu était propre, net et n'avait rien à se reprocher. Rien que pour cela l'avocate de Baïnem pavoisait et à juste titre. Bravo maître Behlal ! Maître Ratiba Behlal, l'avocate de Baïnem, n'était pas bien du tout lundi matin, en attendant l'arrivée des détenus venant de Serkadji et pour certains des «Quatre ha» où ils sont en détention préventive pour une autre affaire que celle qu'ils ont au tribunal de Bab El Oued, dont le siège est aménagé il y a deux décennies au pied de la forêt de Baïnem. Et l'avocate, tout de rose vêtue, voyait rouge et elle riait même jaune, car son client est au... vert pour un délit qu'il n'a jamais commis. Et pour cela, il avait été jugé par défaut, condamné à une lourde peine de deux ans ferme avec une cerise sur la tarte, le mandat d'arrêt ! Ce qui a soulevé le cœur de cette battante d'avocate, c'est que le délit d'usurpation de fonction dont il se prévalait n'y était pas. «Il avait, madame la présidente, à la maison l'autorisation d'exercer sur les lieux où il avait été arrêté !», s'était écriée l'avocate qui avait remarqué que le ministère public le poursuivait sur la base de l'article 242 du code pénal (loi n°06-23 du 20 décembre 2006), qui dispose que «quiconque, sans titre, s'immisce dans des fonctions publiques civiles ou militaires ou accomplit un acte d'une de ces fonctions est puni d'emprisonnement d'un an à cinq ans et d'une amende de cent mille dinars (100 000) à (500 000) cinq cent mille dinars, à moins que le fait ne constitue une infraction plus grave». Et pour le défenseur de ce pauvre M'hamed S. de crier sa douleur devant la présidente de la section correctionnelle de Bab El Oued. «Le comble c'est qu'il avait été condamné pour défaut d'autorisation d'exercer, alors qu'il possédait le document salvateur», avait jeté, dans un lourd silence, maître Behlal qui avait souhaité que «le verdict prononcé par défaut n'ait été qu'un accident de parcours et que ce pauvre M'hamed S. retrouve la liberté et son casier vierge pour le plus grand bien de la famille qui ne sera soulagée qu'avec une relaxe». La juge attend du représentant du ministère public les demandes traditionnelles qui ne seront que le reflet de sa personnalité. Mohammed Amine, le jeune procureur, a fait du bon boulot ce jour. Sabrina Hama, la présidente, transcrit ce qu'elle vient d'entendre (pas votre serviteur), et ces «murmures» ne sont pas propres au seul tribunal de Bab El Oued, et nous saisissons cette occasion pour lancer un vibrant appel à tous les parquetiers pour qu'ils s'expriment à voix haute et surtout qu'ils nous édifient lorsqu'ils demandent par exemple de lourdes peines ou en appel, la confirmation ou l'aggravation des peines. Exception faite pour Mohamed Farek, Abderaouf Kouchih de Boufarik, Yassine Bensari de Blida, Abdelghafour Kahoul lorsqu'il siégeait aux côtés du trio de la quatrième chambre ou encore Djamila Ben Khetou de Boufarik, Boularaoui de Rouiba, Nouredine Sayeh, Omar Boudjetou de Sidi M'hamed et Samir Hamel de Koléa. En tout cas, au tribunal de Bab El Oued, on ne chôme pas. Tous les magistrats bossent la main dans la main. N'est-ce pas Menasra et Bourezg, ces deux rusés juges d'instruction toujours vigilants.