Le président du FFS, Hocine Aït Ahmed, a dressé un bilan sans équivoque de la situation politique dans le pays. Il dénonce l'exploitation faite de certains évènements politiques tout en proposant une sorte de «sortie de crise» à travers des débats libres et démocratiques centrés autour des thèmes d'importance capitale, comme la démocratie, le processus de la prise de décision économique ou encore la question sociale. Dans un message adressé au conseil national du parti, qui tenait hier au siège du parti, une session extraordinaire exclusivement réservée à l'étude de sa proposition, entrant dans le cadre de la préparation de la conférence nationale d'évaluation, Hocine Aït Ahmed tient à dénoncer l'exploitation faite de certains événements de l'actualité politique nationale. «D'aucuns essayent de mobiliser sur des thèmes à caractère religieux, régionaliste et même ethnique. Ils poussent à une surenchère régionaliste, tout particulièrement en Kabylie, pendant que d'autres instrumentalisent l'extrémisme armé à des fins politiques, surtout dans la région du Sahel», écrit Aït Ahmed, considérant que «ces menées aventureuses, ces politiques de hasard procèdent d'une même approche stratégique qui met en péril l'unité et la cohésion du pays». Tout en réaffirmant que la guerre de libération menée par les Algériennes et Algériens est exemplaire et a marqué l'histoire des peuples colonisés, le leader du FFS s'élève contre «les apprentis sorciers qui se livrent à ces surenchères et qui oscillent tous entre le délire individuel et la dérive collective». «Rejeter tous les conservatismes, y compris ceux qui ont cours dans notre parti» Pour Aït Ahmed, «ni pureté religieuse, ni pureté ethnique et ni pureté idéologique ne peuvent constituer un projet politique viable». Considérant presque un miracle que le peuple algérien ait survécu à ce siècle et qu'il continue à faire face à un quotidien terrible, Aït Ahmed estime qu'il y a toujours quelque chose à faire pour un peuple, un parti ou des hommes qui ont choisi la construction, la formation et la proposition politiques, car «demain sera aussi la conséquence et les résultats de nos actes d'aujourd'hui». «C'est à faire et nous le ferons», dit-il à l'adresse surtout du conseil national du FFS qu'il invite à débattre «en toute liberté de nos problèmes, de rejeter tous les conservatismes, y compris ceux qui ont cours dans notre parti». «Nous le ferons avec tous ceux qui refusent de se soumettre ou de se résigner (…). Il est non seulement de notre devoir mais aussi à notre portée de faire face en traçant des perspectives d'avenir», conseille-t-il encore au conseil national du FFS dont le devoir est «d'adapter et d'actualiser l'organisation de notre parti à la fois pour organiser ce débat et pour renouveler notre stratégie». Comment faire pour tenir une conférence nationale d'évaluation crédible ? Pour Aït Ahmed, quelques thématiques de débat sont essentielles. «A quoi sert une organisation politique dans un contexte de fermeture brutale de l'espace public ?», «Peut-on continuer à considérer possible une voie légale et pacifique vers la démocratie ?», «Alternances claniques ou alternatives politiques ; quel contrat politique pour le pays ?», «Le débat sur l'économie peut-il ou pas échapper aux conditions qui perturbent les autres champs de la connaissance ?», «Quel est le processus de la prise de décision économique ?», «Quel bilan économique et quelles propositions ?», «La question sociale : inégalités et injustices» sont entre autres thèmes proposés par Aït Ahmed qui considère que «cette évaluation doit répondre aux critères de transparence et de liberté». Les objectifs assignés et les résultats attendus de cette évaluation «dépassent le cadre partisan étroit», estime-t-il encore. Une commission sera installée sur sa proposition. Les membres du conseil national ont débattu hier dans l'après-midi la proposition d'Aït Ahmed pour enrichissement.