Les non-voyants espèrent que le nouveau ministre de la Solidarité nationale prenne en considération leurs multiples doléances, entre autres la prise en charge de leurs frais de transport. Ils demandent que justice leur soit rendue par l'application des lois votées en leur faveur par le législateur algérien. En effet, une loi qui date des premières années de l'indépendance stipule que les non-voyants sont dispensés du payement des frais de transport public sur l'ensemble des lignes urbaines ou interwilayas ainsi que des places de train. Sous l'ère Ould Abbas, les charges de transport qui étaient assurées par le département de la solidarité nationale ont subitement été supprimées et arrêtées d'être honorées. Plusieurs raisons expliquent ce revirement. «Ils ont accusé des employés de la Sntf de trafiquer les billets. C'est pour cela que nous n'avons plus les privilèges d'autrefois. A chaque fois que nous empruntons un moyen de transport, nous devons payer. Pourtant, la loi est toujours en vigueur. Alors pourquoi ne l'appliquent-ils pas ?», s'est interrogé le vice-président de la Fédération nationale des non-voyants, Saïd Abderrahmani, au siège de leur association à Alger-Centre. Ammi Mohamed, également non-voyant, pense que «la décision obligeant les non-voyants à informer le département de la solidarité de leurs déplacements pour bénéficier des exonérations des coûts de transport est une atteinte aux libertés individuelles». «Pour quelles raisons devrais-je les informer de mes déplacements. Je suis non-voyant et je dois toujours être accompagné par quelqu'un. Donc, je ne vois pas l'utilité d'une telle décision. S'ils ne veulent pas nous aider qu'ils le disent franchement. Nous sommes peut-être handicapés mais nous avons toujours notre dignité», a-t-il tenu à préciser. Quant à la question de savoir si la fédération des non-voyants enverra un courrier au nouveau ministre de la Solidarité nationale pour lui rappeler leurs droits, le vice-président de ladite association a indiqué que «le problème n'est pas l'envoi du courrier, mais il se situe au niveau des subordonnés, entre autres le secrétariat et les directeurs ainsi que les fonctionnaires de la direction concernée. Ils n'appliquent pas les lois et ils ne nous écoutent jamais». Saïd Barkat est appelé à prendre en considération les demandes de cette frange de la société longtemps marginalisée. Sur les 150 000 non-voyants que compte l'Algérie, seule une petite minorité occupe un poste d'emploi. «Nous exigeons l'application de la loi obligeant les patrons d'entreprises à employer des non-voyants. Cette loi indique que sur l'ensemble du personnel, il devrait y avoir 1% de non-voyants», a-t-il conclu.