A travers une lettre qu'il a adressée aux salariés du complexe sidérurgique d'El Hadjar mardi, Vincent Le Gouic explique à son tour les conditions dans lesquelles se sont déroulées les négociations salariales que son équipe et lui-même ont menées avec le syndicat. D'entrée, ce responsable signale la gravité de la situation que traverse le complexe et prévient sur les risques qui menacent l'entreprise en cas de recours encore une fois à la grève comme moyen de persuasion sur la direction. Usant d'un style direct et franchement pédagogique, il indique que le débrayage de 9 jours observé en janvier au sein des usines d'El Hadjar a été désastreux pour le complexe en termes de manque à gagner. «La grève nous a coûté 6 millions de dollars, soit 45 milliards de centimes ; nous avons perdu 36 000 tonnes de production. Un nouvel arrêt du haut fourneau pourrait être catastrophique», insistera Vincent Le Gouic. Et de rappeler les progrès réalisés depuis juin 2009 par l'entreprise mixte en matière de prévention des accidents du travail, de production et de productivité ainsi qu'en matière d'avantages socioprofessionnels accordés aux employés de l'entreprise depuis cette date. «Notre taux de fréquence accidents du travail est passé de 6,5 à 3% et notre production est passée en rythme annuel de 487 000 tonnes à 714 000 tonnes. Notre productivité per capita est passée de 75 tonnes/an à 118 tonnes/an», écrit le directeur général, en rappelant à ceux-ci que suite à la signature du pacte social de juillet 2009, les salaires de base moyens ont augmenté de 25% depuis janvier. Sur ce point précis, il annonce que le salaire de base sera augmenté de 5% le 1er juillet prochain, autre argument pour convaincre les travailleurs de la bonne foi de la direction générale d'ArcelorMittal. Evoquant encore ses engagements, il signalera qu'aucun des 320 cokeries dont l'installation est en panne depuis novembre 2009, ni des 450 tubistes dont l'unité n'a pas de plan de charge depuis janvier n'a fait l'objet d'un quelconque plan social, malgré la précarité financière de l'entreprise suite à ces aléas. Dans le même ordre d'idées, il assure que les employés des sociétés de sous-traitance activant pour compte du complexe seront intégrés au sein du complexe après évaluation et quand la situation le permettra. Affirmant enfin la volonté de la DG d'ArcelorMittal de poursuivre le dialogue avec le syndicat malgré tout, il réitérera ainsi par écrit les propositions qu'il a faites au syndicat mardi lors de leur ultime rencontre qui s'est soldée, rappelons-le, par un échec, et qui a amené le syndicat à convoquer une assemblée générale extraordinaire des travailleurs du complexe pour ce jeudi matin. «Dans le respect de nos accords et de notre parole, je lui ai proposé hier soir l'échéancier suivant : d'ici à septembre, actualiser notre convention collective d'entreprise. En octobre, discuter du régime indemnitaire. En novembre, mettre en place le système de bonus lié à la performance de l'entreprise. En décembre, discuter des salaires 2011», est-il rapporté en substance dans la lettre de Vincent Le Gouic aux salariés.