Pour la presse sportive des trente-deux pays en compétition pour la Coupe du monde, pour leurs supporters les plus impliqués et pour les instances dirigeantes de leur football, il y a une inquiétude de plus qui s'ajoute à celle des performances attendues de leurs sélections : la peur de se tromper. A tout seigneur tout honneur, la sélection française et son entourage détiennent la palme d'or de l'angoisse. En limogeant par anticipation Raymond Domenech et surtout en désignant son successeur pour l'après-Coupe du monde, la Fédération française de football s'est mise dans une drôle de situation. En le traînant dans la boue, en le moquant jusqu'à en faire une pitoyable risée, les médias et les supporters ne sont pas mieux lotis. Même si les uns et les autres voudraient bien se tromper et voir leur sélection gagner la Coupe du monde, ils redoutent quand même quelque part que la fête, après tout toujours possible, ne puisse pas être la leur. Les décisions, les paroles et les écrits restent toujours, surtout quand ils sont si frais. Vous imaginez l'embarras de ceux qui ont nommé Laurent Blanc face à un Domenech triomphant, mais qui n'aura même pas droit à la manière la plus digne de quitter un poste de travail : la démission. Diego Maradona n'est pas tout à fait dans la même situation, mais c'est tout comme. Bien sûr «el pibe de oro» n'a rien à voir avec «Raymond les ténèbres». Il a fait rêver, il fait toujours rêver, il est d'une popularité intouchable et il se peut même qu'on aille jusqu'à lui pardonner un bide en Coupe du monde. Mais les Argentins n'ont pas l'habitude d'aller en Coupe du monde pour d'autres objectifs que celui de ramener le trophée à la maison. Et ça tombe plutôt mal que ce soit Dieu réincarné qui conduise la sélection argentine la moins redoutable de ces dernières décennies. Il y a quand même deux choses que partagent Domenech et Maradona. Le premier n'aime pas la presse et le deuxième va beaucoup plus loin en brandissant son fusil contre des journalistes. L'un comme l'autre ont eu une préparation laborieuse et inspirent les mêmes inquiétudes. Qu'ils perdent et ceux qui «savaient» n'auront que la piètre consolation d'avoir raison. Qu'ils gagnent et c'est l'exclusion d'une liesse qui s'accommode rarement des opportunismes. L'un et l'autre n'ont pas les mêmes chances, il n'y a pas mieux comme lapalissade. Diego a un Messi qui peut tout changer à lui tout seul. Raymond est orphelin d'un Zizou sans qui rien de vraiment sérieux n'est envisageable. Mais là on entame déjà une autre histoire. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir