La production locale de médicaments ne couvre que 37% des besoins, ce qui veut dire que 63% des traitements utilisés sont importés. La facture des produits pharmaceutiques importés l'année dernière a atteint 1 670 000 000 d'euros. Un montant qui a fait réagir jeudi le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamal Ould Abbas, lors d'une rencontre avec des praticiens experts sur l'élaboration d'une liste nationale des médicaments essentiels. Le ministre l'a qualifiée de «facture lourde qui confirme la dépendance de notre pays vis-à-vis de l'étranger dans ce domaine». Il précise dans ce cadre que la facture globale des médicaments a atteint 453 000 000 millions d'euros en 2009. Il regrette toutefois que la production nationale soit en deçà des espérances des politiques, qui ont pris de multiples mesures afin d'encourager ce secteur qui n'a atteint l'année dernière que 533 millions d'euros. Plus explicite, il avance que 5400 médicaments toutes spécialités confondues ont été enregistrés à la même période, soit 1022 appellations internationales communes. Encourager la production nationale Tout en espérant voir le pays mieux engagé dans ce domaine, Ould Abbas rappelle toutefois que «l'Algérie arrive en tête des pays africains en matière de consommation de médicaments par personne». Ce qui le pousse à insister sur l'importance de développer le secteur, en encourageant les acteurs des boîtes pharmaceutiques algériennes à réduire la facture des importations. Il a également mis l'accent sur l'importance de contrôler la facture d'importation à travers une utilisation rationnelle des médicaments. Selon lui, le travail des experts chargés de l'élaboration de la nomenclature des médicaments essentiels est «précieux». Et pour arriver à ce résultat, Ould Abbas estime qu'on doit axer sur la recherche scientifique qui, selon lui, ne bénéficie pas des moyens nécessaires. Il affirme par ailleurs que pour parvenir aux objectifs tracés, il faudrait l'implication de tous les acteurs du secteur. Dans ce cadre, il a appelé les importateurs à y contribuer par le développement de la formation et le transfert de la technologie car il s'agit, a-t-il dit, d'une question de souveraineté nationale en matière d'approvisionnement en médicaments. Il a rappelé à cet effet le décret exécutif relatif à l'Agence nationale des médicaments qui est en cours d'élaboration. Elle sera, selon lui, opérationnelle à la fin de l'automne prochain. Cette rencontre a été par ailleurs l'occasion pour l'assistance constituée d'experts de la commission d'exposer les problèmes rencontrés dans certaines spécialités, comme la dermatologie. Les radiologues de leur côté ont soulevé le manque de formation dans leur spécialité. Ils ont insisté également sur la nécessité d'intégrer les médicaments prescrits aux malades devant subir des examens radiologiques parmi les médicaments essentiels. Plusieurs autres problèmes ont fait débat lors de cette rencontre. Les médecins spécialistes, pour leur part, ont interpellé le ministre pour la révision des horaires de travail des hôpitaux et pour redéfinir la mission des établissements sanitaires tels que l'institut de la santé publique et la direction de la prévention. Le ministre a jugé que ces contraintes doivent faire l'objet de plusieurs réunions avec les experts qui seront programmées au courant de ce mois.