Les relations entre les Etats-Unis d'Amérique et le monde musulman sont en nette amélioration, selon le politologue américain Redouane Masmoudi, qui a loué les efforts de Barack Obama dans ce sens, tout en exhortant les pays musulmans à présenter un meilleur visage de l'Islam. Des propos qui n'ont pas laissé de marbre la majeure partie de l'assistance, parmi laquelle figure Abdelaziz Belkhadem. S'exprimant hier au centre des études stratégiques d'Ech Chaâb sur le thème «L'avenir des relations entre les Etats-Unis et le monde musulman», le politologue américain d'origine tunisienne a toutefois reconnu qu'il reste beaucoup à faire pour redorer le blason des relations US avec le monde musulman, sérieusement altérées notamment après les attentats de New York de septembre 2001 et la politique d'hostilité menée par le prédécesseur d'Obama, George W. Bush. Estimant que la Turquie représente un modèle de démocratie dans le monde musulman, le chercheur américain a souhaité voir l'Algérie «devenir un modèle de démocratie pour le monde arabe». Cependant, lorsque le conférencier s'est étalé sur la période de la décennie noire vécue par notre pays, il n'a pas hésité à qualifier cette sombre page de l'histoire de l'Algérie de «guerre civile». Ce qui n'a pas été du goût de l'assistance, qui l'a vivement chahuté. Loin d'être perturbé, l'intervenant insiste sur les «réalisations d'Obama» et son rôle dans le rapprochement entre les deux parties du monde, citant notamment «le discours historique» du Caire prononcé par le président américain au lendemain de son investiture, son engagement à fermer la prison de Guantanamo, la désignation du libanais Georges Mitchell en tant qu'envoyé spécial au Moyen-Orient, ses incessants appels au dialogue entre les cultures qui bannit la théorie de choc des civilisations de Huntington «adoptée» par Bush, ou encore les pressions sur Israël pour cesser sa politique expansionniste en Palestine. «Le discours a certes changé mais le fait politique n'a pas suivi», a regretté Abdelaziz Belkhadem, qui est intervenu en sa qualité de «simple citoyen», a-t-il tenu à préciser. Redouane Masmoudi insiste. Pour lui, le président Obama constitue l'occasion idoine pour améliorer les relations entre les USA et les musulmans, qui est décidé à entretenir un dialogue continu avec les musulmans loin du «conflit des civilisations» qu'il qualifie d'«injustifiable». Il exhorte les musulmans à faire plus d'efforts pour montrer la meilleure image de l'Islam, notamment aux Américains, qui voient en la religion de Mohamed (QSSSL) le visage de «Satan» depuis les événements de 2001. Il cite à ce propos un sondage effectué aux Etats-Unis en 2009 dont les résultats ont montré que 56% des Américains pensent que l'Islam incite à la violence, alors qu'ils n'étaient que de 14% en 2002. Le chercheur américain, qui plaide pour une stratégie de coopération à long terme dans plusieurs domaines, rejoint ainsi celle de la Maison-Blanche dont la procession d'officiels notamment en Algérie indique qu'il y a une volonté de dépasser certains clichés. Le coordinateur de la lutte antiterroriste Daniel Benjamin, qui a achevé hier sa visite dans notre pays, a d'ailleurs, tout en louant les capacités algériennes, clairement indiqué que la coopération US avec l'Algérie «n'a jamais été confrontée à une quelconque barrière ou obstacle».