«Le monde musulman ignore les libertés et se trouve à des années-lumière de la démocratie.» «Une occasion en or s'est présentée au monde musulman avec l'arrivée de Barack Obama à la tête de l'administration américaine.» Cette déclaration a été faite hier, à Alger par un membre du Centre des études stratégiques islamiques aux Etats-Unis d'Amérique, le professeur Nordine Masmoudi, d'origine tunisienne. Pour ce professeur ayant vécu plus de 30 ans aux Etats-Unis d'Amérique, l'islamophobie augmente de plus en plus depuis le 11 septembre 2001. 56% d'Américains croient que l'Islam encourage l'extrémisme et le terrorisme actuellement alors que sa prévalence n'était auparavant que de 14%. Rappelons toutefois, que l'amélioration des relations avec le monde musulman figurait en priorité dans le programme électoral ayant porté Obama au pouvoir. Le conférencier renvoie au discours «historique» du Caire ayant provoqué un tollé au sein de l'opinion publique aux USA aux yeux de laquelle l'Amérique a demandé pardon, a abdiqué devant les musulmans en reconnaissant les erreurs du passé. D'autres points positifs ont été également relevés telles l'annonce de la fermeture du centre de détention militaire de Guantanamo, quoique retardée, la désignation de George Mitchell d'origine libanaise comme envoyé spécial au Moyen-Orient et sont à l'actif des décisions positives d'Obama. Tout comme, la pression exercée par l'administration américaine sur le gouvernement israélien pour le gel des constructions dans les colonies, particulièrement à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Aussi, le professeur a-t-il estimé que le Monde musulman doit agir en saisissant cette occasion offerte pour infléchir le rapport de force en sa faveur. Les deux parties (le Monde musulman et les USA), fera savoir l'orateur, «n'ont aucun intérêt à s'enliser dans un conflit ou une quelconque guerre». La comparaison des régimes des pays musulmans au régime stalinien ou communiste est une idée imprégnant peu à peu l'opinion américaine. Outre cette décadence, où la majorité des pays musulmans «sont comme gouvernés par des empereurs», dira le conférencier, «le Monde musulman ignore les libertés et se trouve à des années-lumière de la démocratie». Cependant, cette idée de démocratisation du monde musulman à travers l'ouverture aux valeurs universelles et la réforme de sa pensée politique, n'était pas du goût du secrétaire général du FLN et ministre d'Etat, Abdelaziz Belkhadem. Dans son intervention, l'ex-chef de gouvernement a battu en brèche l'idée selon laquelle la nouvelle administration américaine a changé quoi que ce soit dans sa politique au Moyen-Orient. «C'est un changement dans la continuité» estime Belkhadem. Ce dernier a cité «les aides substantielles militaires et civiles qui n'ont jamais cessé d'être accordées aux Israéliens». «L'administration Obama a même tenté de séparer le Machrek arabe de son Maghreb devenu l'Afrique du Nord pour les Américains», estime le même intervenant. «Il y a une seule religion et plusieurs démocraties», dira-t-il répliquant à l'idée d'éviter la sacralisation des exégèses et d'autres interprétations de la religion, avancées par le conférencier. C'est avec ces arguments que M.Belkhadem, secrétaire général du FLN, a dit non au responsable du Centre des études stratégiques islamiques aux Etats-Unis d'Amérique.