Les musulmans se doivent de réhabiliter l'image de marque de l'islam et présenter celui-ci comme une religion de tolérance qui bannit la violence, le terrorisme et l'extrémisme, a affirmé lundi à Alger le Dr Redouane Masmoudi, directeur du centre "Islam et démocratie" implanté aux Etats-Unis d'Amérique. "L'opinion publique occidentale, influencée par les médias, ne peut assurément qu'avoir une image fausse de l'islam", a relevé le Dr Masmoudi qui s'exprimait dans le cadre d'une conférence portant sur les relations des USA avec le monde musulman, organisée par le Centre des études stratégiques du quotidien "Echaâb". Pour le conférencier, il est plus qu'urgent de changer cet état de fait à la faveur d'une campagne de sensibilisation visant à mettre en évidence la fait que la religion musulmane n'est pas contre la femme et qu'elle respecte les droits des minorités, dont ceux des non-musulmans. Afin d'arriver à pareil dessein, le conférencier préconise la nécessité de consolider les liens avec les centres d'études et de recherches américains dont l'influence dans la conception de certaines lois et la prise de certaines décisions est indéniable. Abordant les relations entre les Etats-Unis et le monde musulman, Dr. Masmoudi a estimé que celles-ci "ne sont pas au beau fixe", notamment depuis les évènements du 11 septembre 2001. Pour lui, cette date a constitué un tournant dans les relations entre les deux parties dans la mesure où une certaine méfiance, voire une crainte, a nettement pris le dessus sur tout autre considération. Se référant à un sondage réalisé récemment, le directeur du centre "Islam et démocratie" a indiqué que 56% des citoyens américains estiment que l'islam constitue un "danger" pour eux. "A l'opposée, fait-il remarquer, la colère caractérise la rue arabe (et celle inhérente au monde musulman, de façon générale) à l'égard des dépassements criards de l'administration américains à travers le monde, notamment en Irak et en Afghanistan". Toutefois, Dr. Masmoudi affirme que depuis l'investiture de Barack Obama, affichant sa volonté d'améliorer les relations qui lient son pays au monde musulman, les choses "semblent bouger dans le bon sens", a-t-il noté. En guise d'arguments au sujet de sa vision des choses, le conférencier met en avant le discours prononcé par le nouveau président américain au Caire, affirmant que celui-ci constitue un tournant dans la politique des Etats-Unis d'Amérique à l'égard du monde musulman. Dr. Masmoudi estime, dans ce contexte, que la désignation de Georges Mitchell, une personnalité connue pour être modérée, comme émissaire au Proche-Orient, est un indice "révélateur". Par ailleurs, ajoute-t-il, le fait qu'Obama eut exercé des pressions sur Israël pour qu'elle cesse sa politique de colonisation est une "preuve supplémentaire" des intentions du président américain. Pour lui, beaucoup d'engagements faits lors du discours du Caire n'ont pas été honorés. Estimant que l'avènement de l'ère Obama -- un Président noir, ayant de surcroît un père musulman et dont la moitié de la famille est musulmane -- constituait une "occasion en or" qui doit être saisie, exhortant les musulmans à tirer profit de cette dynamique de rapprochement. Refusant, par ailleurs, le concept de "guerre des civilisations", le conférencier a préconisé pour la question palestinienne le dialogue et la concertation. En guise d'appels susceptibles d'être lancés au président Obama, Dr. Masmoudi souligne la nécessité de mettre un terme à la colonisation et le retour aux frontières de 1967.