Qui ne connaît pas Arslane dans les séries télévisées ou au théâtre ? Avec son allure juvénile, il se prête à tous les rôles tant son registre est large à la mesure de son talent. Avec sa parfaite maîtrise du jeu scénique, c'est un comédien doué et chevronné, doublé d'un plasticien de haut niveau avec des aptitudes incontestables. D'une probité intellectuelle, l'homme se présente avec beaucoup d'humilité, de simplicité et de cordialité. Loin d'avoir la grosse tête, Arslane ne cherche pas les lampions ni la gloire, lui dont la compétence est indéniable. Sa préoccupation est de vivre en conformité avec ses principes taillés dans l'honnêteté et la droiture. Abhorrant tout ce qui est bassement matériel, il transcende les mesquineries pour aller au fond des choses et à plus profond du cœur de l'homme. Papa gâteau avec ses trois enfants, on sent qu'il privilégie ce rôle à sa carrière artistique. Ayant à son actif 32 années en sa qualité d'enseignant en arts plastiques et en design graphique à l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger, il chemine allégrement son parcours riche en expériences. Ses souvenirs le ramènent à sa première expérience en 1970, où il découvre les planches, et ce n'est qu'en 1980 qu'il intègre le 7e art. Découvert dans une pièce de théâtre par Slimane Benaïssa, El Mahgour, Arslane slalome encore aisément entre ces trois expressions artistiques. Dans cet entretien, il se livre avec complaisance, axant sur l'altruisme et cette notion de partage que tout humain et surtout l'artiste doit impérativement porter en soi. Pourquoi cet intitulé «Papillon et horizon» de votre dernière exposition ? Au départ, je n'avais pas de titre préconçu. La thématique s'imposait d'elle-même au fur et à mesure que je peignais les tableaux. Je n'ai pas pensé à donner un titre. C'est une parabole sur l'être et la finitude. De mon point de vue, l'être humain se croit supérieur à l'insecte, du fait qu'il a la communication verbale. J'ai un regard de dérision et d'ironie, ce qui permet de dire que malgré sa fragilité et sa courte vie, le papillon a cette innocence et joie de vivre et cette direction qui n'est pas unique. Or l'être humain est embrigadé, il a l'impression d'être libre, mais jamais comme un papillon. Quand on a en tête la vie et la mort en duo, on doit être fort en soi ou relativiser, car la vie on ne la conçoit qu'un peu plus élargie, on ne la voit pas comme une simple ligne à atteindre. Si l'homme n'a pas de générosité et d'amour en soi et cette notion de partage, il ne peut pas se considérer comme fort. Votre prédilection va-t-elle à l'impressionnisme abstrait ? Non, pas forcément ! Je suis éclectique, j'aime tout ce qui est de niveau supérieur. J'ai fait beaucoup d'expositions dans le même registre émotionnel. Ce n'est pas l'abstraction totale ni du figuratif classique. Tout ce qui est créatif est fort et j'adhère. Je suis un artiste ouvert à toutes les sensibilités et en vibrations avec tout. Dans votre peinture, le noir prédomine, pourquoi ? Dans ma sensibilité, le noir est une somme de couleurs qui absorbent au lieu de réfléchir. La teinte noire a une profondeur et de beaux dégradés. Pensez-vous que l'art est un vecteur de messages d'amour, de paix et de communion d'esprit ? Il faut avoir à l'esprit que l'on est dans une logique mondialiste. Dans la réalité, ce n'est pas bien démontré. Théoriquement, l'artiste doit répondre à ces critères de partage, d'amour et d'altruisme du fait que l'artiste est dans un processus de création. Il apporte une plus-value pour lui qui doit être partagée. Il est dans un contexte social, une réalité tangible. Quand on me dit que mon art est sublime, je trouve que l'on m'accorde trop de crédit. C'est une question d'humilité. L'artiste doit être humble, car c'est une lourde responsabilité. Quel est votre avis sur la peinture féminine ? Je ne peux pas donner mon avis, car je ne comprends pas ce qu'est la peinture féminine. Le féminin est-il une autre créature que l'humain ? A mon avis, il y a la même sensibilité et le même potentiel dans la création. Si appeler féminin du fait que l'on fait exposer les toiles des femmes lors du 8 mars, c'est ridicule. Le fait qu'il y ait plus de plasticiennes que d'écrivaines démontre l'accessibilité du pinceau qui est plus facile que de structurer une pensée dans un roman. Arslane plasticien et comédien, privilégiez-vous le quatrième et le septième arts ou la peinture ? Les trois sont différents. J'ai mon pied dans les trois expressions : arts plastiques, théâtre et cinéma. Mais dans ce panel d'expressions artistiques, le plus constant, le fort et le plus dur sont les arts plastiques. Avec l'art pictural, je suis dans un monde de création et mon état est dans la constante quotidienne de ce que je suis. Dans le 4e et le 7e arts, je joue un personnage qui me procure une forme de plaisir. Actuellement, je reprends le théâtre avec Slimane Benaïssa, avec une pièce appelée Conseil discipline qui sera filmée pour le mois de ramadhan. J'ai débuté dans le théâtre avec ce metteur en scène et je me retrouve avec lui des années après. C'est sûrement le destin ! Entretien réalisé