La wilaya d'Alger a organisé hier le transfert de 742 familles occupant des chalets à Bordj El Bahri et El Harrach vers des cités situées à Bourouba et Birtouta. La plupart des personnes relogées (503 familles) ont été recasées dans le nouveau quartier des 1680 logements de Birtouta. Le site est vaste, mais les équipements publics d'accompagnement se font attendre. Le centre-ville de Birtouta s'est réveillé, hier, sur d'incessants vrombissements de camions chargés de meubles et faisant la navette entre El Harrach, Bordj El Bahri et la nouvelle cité des 1680 logements de la commune de Birtouta. Comme cela a été annoncé samedi, la wilaya a en effet organisé, tôt dans la matinée d'hier, le recasement de 742 familles issues de six sites de chalets implantés à Bordj El Bahri et à El Harrach. Parmi elles, 503 familles ont été orientées vers la cité des 1680 logements. Une fois arrivés sur les lieux, les camions se sont garés à l'entrée du site. «Ici, on filtre les camions afin d'organiser leur accès au quartier», explique un des deux policiers affectés à cette tâche. On n'autorisait un chauffeur à y pénétrer qu'une fois qu'un autre en était sorti. L'importance du parc automobile mobilisé pour le besoin de cette opération de recasement de la population ne permettait pas l'improvisation. Aussi, un minimum d'organisation s'imposait. Les multiples voies menant vers les bâtiments sont bouchées par les camions. Une file interminable de voitures s'est ainsi formée dans tous les sens. Chaque chauffeur attendait son tour afin de se rapprocher des immeubles flambants neufs et décharger le contenu de sa benne avant de faire demi-tour. Des youyous pour les F3 Le relogement se faisait dans trois points différents. Le premier est notamment réservé aux familles des chalets de Kourifa, de la commune d'El Harrach. Au milieu d'une cour intérieure, les agents manutentionnaires des établissements de la wilaya s'occupaient à décharger les camions et déplaçaient les effets personnels des familles vers les appartements. La tâche n'était pas facile. Les travailleurs se mettaient dans les escaliers, derrière les portes et hors de la cité pour ne plus avoir à supporter cette cadence de travail, toujours la même depuis le lancement, en mars dernier, du programme d'éradication progressive de l'habitat précaire. La fatigue se lisait sur tous les visages. "Je suis peintre. J'ai travaillé hier jusqu'à 2h du matin au niveau de la cité Bourouba. A 4h, on m'appelle pour me demander de venir ici !» raconte un jeune agent, assis dans les escaliers au dernier étage, les yeux rouges à cause du manque de sommeil. Son collègue est presque dans la même situation. "Je suis mobilisé malgré le fait que j'ai subi une opération au ventre. Quand j'ai évoqué mon état de santé, on m'a dit : 'vient, on te signale puis cache toi !» avoue-t-il. La démobilisation, à cause de la fatigue, d'une partie des travailleurs de l'EGCTU, de la DTP et d'Asrout a influé négativement sur le rythme du déroulement de l'opération. Le déchargement des camions se faisait avec l'aide des concernés. De temps en temps, des youyous, signes de joie, parvenaient jusqu'au voisinage. L'inquiétude était perceptible aussi chez les familles relogées. Personne n'est informée à l'avance du type d'appartement qu'il aura avant d'y mettre les pieds. Aussi, les youyous donnaient la mesure de la joie ressentie quand on tombait sur un F3 par exemple. Curieusement, les policiers y étaient très rares. Aucun dispositif sécuritaire proprement dit n'est mis en place. Tout juste quelques agents qui se fondaient dans la foule, très discrets. Le résultat est là : aucun débordement n'a été signalé, à l'exception des ruées d'enfants qui prenaient d'assaut les aires de jeux de leurs îlots. Ils donnaient l'impression d'en profiter vraiment pour la première fois depuis leur naissance. Le village de Ouled Mendil gagné par l'animation Mis à part cela, c'était les mécontentements habituels. «Ecrivez-le, nous sommes onze personnes et on nous a donné un F2 !» lance un jeune de Kourifa. Un père de famille, qui résidait auparavant au site de Bougara, à Bordj El Bahri, était par contre content de ce relogement. «Moi et mes enfants, nous avons contracté l'asthme dans les chalets de Bougara. Ici, c'est beaucoup mieux. Nous sommes cinq dans un F2. Ce qui fait mal, c'est que l'opération s'est déroulée n'importe comment. Il y a avec nous des familles très nombreuses qui ont été parquées dans un seul logement F2 alors que d'autres moins nombreuses ont droit à un F3. C'est une injustice !» témoigne-t-il. Une ambiance similaire régnait dans les deux autres points de relogements. Les locataires des derniers immeubles sont désormais les voisins des habitants de la localité d'Ouled Mendil qui relève de la commune de Douéra. L'ancien village traversé par une route sinueuse et pleine de crevasses est déjà gagné par l'animation. Comme le centre commercial de la nouvelle cité (partie supérieure) n'est pas inauguré, les gens s'approvisionnent dans les boutiques d'Ouled Mendil. Les nouveaux résidents de la partie basse de la cité devront se rendre au marché très étroit du chef-lieu, mitoyen au centre de formation professionnel. Le commerce informel y a déjà pris pied. Quant à la scolarité des enfants, un établissement primaire est en cours de construction. L'eau coule dans les robinets, les foyers sont alimentés en électricité. C'est le gaz de ville qui fait défaut pour le moment.