Le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, semble tenir ses promesses. Les directions de l'éducation sur l'ensemble du territoire national ont en effet été destinataires d'une instruction leur enjoignant de procéder au versement de 50% des indemnités et autres rappels au titre de l'année 2009 avant l'Aïd El Fitr. Les 50% restants seront versés avant la fin de l'année en cours, apprend-on de sources proches du département de Benbouzid. Ces indemnités couvrent, selon les mêmes sources, la période allant de janvier à juin 2009 «conformément aux décisions du ministre de l'éducation nationale. «Elles seront versées au plus tard au début du mois de septembre, c'est-à-dire avant l'Aïd, qui coïncidera cette année avec la rentrée scolaire», expliquent nos interlocuteurs, non sans indiquer que cette première tranche a trait à la rétroactivité du régime indemnitaire. «Nous travaillons d'arrache-pied pour accélérer l'opération de versement et permettre par là même aux travailleurs du secteur de faire face aux multiples dépenses», diront encore nos interlocuteurs, révélant que c'est l'instruction de Benbouzid qui l'exige. La même instruction précise également que les versements doivent se faire en deux tranches. Aussi, il y est mentionné, rapportent nos interlocuteurs, «le versement de la deuxième tranche avant la fin de l'année en cours». Celle-ci (la 2e tranche) va couvrir les indemnités dues aux travailleurs pour la période allant de juillet à décembre 2009. Il s'agira également, selon les mêmes sources, du règlement de la prime de rendement individuelle (PRI) et aussi de la différence due suite à la récente augmentation des salaires. Après le versement des indemnités pour l'année 2008, le ministère de l'éducation nationale trace un programme pour le versement des indemnités restantes conformément à ses engagements. L'instruction du Premier ministre Ahmed Ouyahia qui a évoqué l'année 2011 comme échéance avait, rappelons-le, soulevé l'ire des syndicats qui ont menacé de reprendre la protesta. Les syndicats partagés Si le ministère, de par son instruction, semble tenir ses promesses, les syndicats autonomes du secteur sont, quant à eux, partagés à propos de «ce droit» qui devait être versé dans sa totalité et avant les vacances pour certains, alors que d'autres estiment que «l'initiative est positive», en attendant le versement de la totalité des indemnités. Confirmant l'information, le chargé de communication de l'Union nationale des professionnels de l'éducation et de la formation (Unpef) «exige» le versement de la totalité des indemnités en une seule tranche. Ceci, expliquera Messaoud Amraoui, «pour permettre au enseignants de faire face aux dépenses de la rentrée». Une rentrée sociale stable passe, selon lui, par le règlement total des indemnités mais aussi par la prise en charge des autres doléances des travailleurs de l'éducation. De son côté, le porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), Achour Idir, qui parle d'un droit inaliénable des travailleurs, estime que fractionner les indemnités n'est pas une solution aux problèmes. «Nous avons dit que c'est notre compte CCP qui devait déterminer la rentrée certes, mais nous estimons que cette décision est une fuite en avant pour nous faire oublier nos véritables revendications», analyse-t-il, rappelant que le CLA maintient ses revendications, notamment celle relative à la réforme du code de travail «où se situent les véritables enjeux». Pour Idir, les enseignants attendaient le versement de la totalité des indemnités avant les vacances scolaires. Mais, selon lui, le versement de 50% des indemnités décidé par le ministère «suite aux menaces des syndicats de renouer avec la protesta» ne réglera pas le problème, car entre-temps, les dépenses qui attendent les travailleurs s'accumulent (Ramadhan, rentrée, Aïd…). Par contre, le chargé de communication du conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) Messaoud Boudiba, juge «l'initiative du ministre positive, car elle permettra selon lui d'éviter une rentrée sociale perturbée. «C'est une décision conforme à l'instruction de février dernier de Benbouzid», explique-t-il, affirmant que le ministère «a le droit de verser les indemnités en deux tranches». Par ailleurs, il rapportera un fait «isolé». Selon lui, la direction de l'éducation de Souk-Ahras a versé la totalité des indemnités aux travailleurs dès le mois de juillet. Il interprète ce cas par «le suivi à la lettre» des instructions de Benbouzid, espérant que les autres directions de l'éducation fassent de même. A moins d'un mois de la rentrée scolaire, les choses se précisent de plus en plus pour les syndicats qui vont à coup sûr revoir du moins leur position, sinon leur stratégie.