Le quotidien espagnol El Pais croit savoir, dans son édition de vendredi, que 17 mois après avoir pris ses fonctions de représentant personnel du secrétaire général des Nations-unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross s´est rendu à l´évidence de l´ampleur de l´impasse dans laquelle se trouve le conflit sahraoui. Ce constat amer ressort dans le rapport secret qu´il avait adressé en juillet dernier aux membres du Quartet (Etats-Unis, Russie, Onu et Union européenne) auxquels il a demandé de l´aide pour amener les deux pays en conflit (le Maroc et le Front Polisario) à faire avancer leurs négociations en vue d´une solution politique à ce conflit, vieux maintenant de 35 ans. M. Ross a, toutefois, rejeté en bonne partie la responsabilité dans cette impasse à l´attitude inflexible observée par le Maroc à la réunion informelle de février dernier à Westchester Country (New York). Faisant preuve de plus de souplesse, la délégation du Front Polisario à cette réunion avait accepté d´examiner certains aspects du plan d´autonomie marocain pour le Sahara occidental dont Rabat voulait que ce soit l´unique base de travail dans ces négociations. La souplesse de la délégation du Front Polisario avait été appréciée par le Département d´Etat américain où Ahmed Boukhari, représentant sahraoui à New York, et ses compagnons, avaient été reçus, pour la première fois, par un haut fonctionnaire de l´administration américaine qui les a félicités de leur attitude. «Ni le SG ni moi ne sommes parvenus à convaincre les deux parties de cesser de camper sur leurs positions», écrit M. Ross dans son rapport en attirant en particulier l´attention des pays du Quartet où il avait tenu à se rendre quelque temps auparavant, sur «la fin de non-recevoir réservée par le Maroc à la proposition du Front Polisario». Le représentant personnel de M. Ban Ki moon a lancé, en outre, un véritable cri d´alarme sur la situation des droits de l´homme au Sahara où, laisse-t-il entendre, faute d´une solution rapide à l´occupation militaire marocaine, des jeunes sahraouis risquent de basculer dans la criminalité ou le terrorisme. Le spectre de Melilla M. Ross a également sollicité l´aide de l´Espagne en tant qu´ancienne puissance coloniale du Sahara occidental. Après la grève de la faim de Aminatou Haider qui a eu un grand retentissement en Espagne et dans le monde en décembre 2009, le gouvernement Zapatero avait montré plus de discrétion dans son soutien au plan d´autonomie marocain ce qui n´a pas été du goût des autorités marocaines. Certains cercles politiques à Madrid voient dans les récents incidents de Melilla un lien avec la nouvelle attitude du gouvernement sur la question du Sahara occidental. Soupçonnant son allié espagnol de vouloir retourner à la position traditionnelle qui a été celle de l´Espagne sur son ancienne colonie avant l´arrivée des socialistes au pouvoir en avril 2004, le Maroc a choisi, comme il le fait régulièrement chaque fois que la question sahraouie est mise sur la table à Madrid, d´agiter le spectre de la revendication de sa souveraineté sur des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla et des présides dans les alentours.