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Ramadhan et traditions au Sénégal
Publié dans Le Temps d'Algérie le 24 - 08 - 2010

Mosquée de la divinité, Ouakam, Dakar. Les règles du jeune ont étaient établies à partir du Coran et des traditions Prophétique. Pour un bref rappel, le jeûne pendant ce mois constitue l'un des 5 piliers, le 4eme de l'islam. Un long texte du Coran est à la base de la législation
sur ce jeûne. Voici la traduction : "Ô vous qui croyez ! Le jeûne vous a été prescrit de même qu'il a été prescrit à ceux qui vous ont précédés.
Peut-être craindrez-vous Allah” sourate 2 verset 183.
Pour les professeurs Tall et Taib Socé, deux islamologues de renom, Dieu sait notre propension à oublier et à ne pas être persévérant dans le rappel ; c'est pourquoi, Il nous a prescrit les actes d'adorations
afin de faire vivre notre conscience et notre cœur à son rappel. Le jeûne du mois de Ramadhan fait partie de cette éducation, de cette élévation de l'âme. Le Ramadhan est une période qui inculque la discipline et l'observation de l'obéissance aux lois de Dieu énumérées dans le Coran.
Le «sukaru koor» hante le sommeil des femmes
En ce mois béni de ramadhan, des couples font plaisir à leur belle famille, à travers le traditionnel «sukaru koor» (sucre du ramadhan). Les investigations faites ont permis de dire qu'une telle pratique, «érigée en obligation morale», hante le sommeil de certaines femmes. Surtout en ces temps de vaches maigres...
Au Sénégal, c'est une coutume de voir, pendant le mois de ramadhan, la belle-fille apporter du sucre et des dattes à sa belle famille. Un acte bien salué et apprécié. Mais, depuis quelques années, ce qui était une coutume «bien appréciée» «fait place à des actes démesurés». Ainsi, le «sukaru koor» perd sa dimension culturelle pour gagner «un champ matériel».
Le sociologue Djiby Diakhaté en donne les éclairages suivants : «Dans les pratiques originelles, le sukaru koor était un acte qui participait à cimenter les relations entre la femme mariée et sa belle-famille.
Ce système de don permet à la femme de rechercher l'estime et une certaine position de choix qui peut consolider sa présence au sein de la belle-famille». Aujourd'hui, le sukaru koor devient une obligation morale. Il hante le sommeil de bon nombre de femmes mariées. Il semble que le sukaru koor est même devenu une pratique dont le non-respect peut participer à la déstabilisation et à la fragilisation de la femme.
Ce qui, selon Djiby Diakhaté, «peut pousser une femme à avoir des pratiques peu orthodoxes pour faire plaisir à sa belle famille». Ainsi, le sukaru koor,
au lieu d'être un simple geste de reconnaissance, va constituer une surcharge pour les femmes qui veulent satisfaire à tout prix leur nouvelle famille. Mme Mariama Sidibé, une femme mariée, pense qu'il est dans l'ordre normal des choses d'offrir le sukaru koor à sa belle- famille.
Car, pour elle, «c'est une tradition que l'on perpétue pour faire plaisir à la nouvelle famille et obtenir sa bénédiction». Mais, de l'avis d'El hadj Maodo Faye, journaliste islamologue, cette tradition n'existe ni dans le Coran ni dans la Sunna.
Mais il précise que l'islam recommande aux fidèles de donner l'aumône pendant le mois de ramadhan, surtout aux nécessiteux.
C'est pourquoi «le fait de donner du sucre à sa belle famille n'est pas en soi une mauvaise chose, mais si celle-ci n'est pas dans le besoin, il serait préférable que cet aumône revienne aux nécessiteux», explique l'islamologue.
Des tissus, des bijoux précieux, de l'argent. Tels sont les nouveaux éléments qui constituent de plus en plus le sukaru koor. Souvent, certaines femmes versent dans le folklore à l'image de ce qui se fait dans les cérémonies familiales.
Par ailleurs, on remarque que, de plus en plus, de nouvelles mariées vont préparer le «ndogou» (repas de la rupture du jeûne) dans le domicile familial du mari. Certaines femmes interrogées expliquent
que c'est «un moyen particulier de fuir les cérémonies festives qui ont lieu quand une femme nouvellement mariée rejoint son domicile conjugal ; les hommes disent "emprunter" leurs épouses, mais le plus souvent, celles-ci ne reviennent plus au domicile de leurs parents».


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