Après sept ans et demi de guerre, les troupes américaines sortiront de l'Irak avec un bilan macabre. Il n'existe pas de décompte précis des morts civiles, mais les estimations disponibles font état de la disparition de 655 000 Irakiens et environ 250 000 blessés, principalement parmi la population sunnite. L'histoire retiendra ses chiffres, alors que le fameux Tribunal pénal international n'est pas trop inquiet pour engager des poursuites judiciaires. En effet, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, à l'origine de cette guerre, ne peuvent pas crier victoire. L'institut de sondage britannique Opinion Research Business a estimé à plus de 1 million le nombre de victimes irakiennes entre mars 2003 et août 2007. Hier, l'agence Reuters a souligné que contrairement à son prédécesseur qui avait proclamé en mai 2003 la «mission accomplie» en Irak, Barack Obama ne versera pas dans le triomphalisme aujourd'hui lors de son discours marquant la fin des opérations de combat de l'US Army après sept ans et demi de guerre. Le chef de la Maison-Blanche cherchera, selon l'agence, à éviter tout faux pas lors de cette intervention étant donné les conséquences de l'invasion de l'Irak sur un motif inventé de toutes pièces de détention d'armes de destruction massive. Les Irakiens retiendront que le président Saddam Hussein a été exécuté en jour de l'Aïd et la scène a été filmée pour la diffuser à l'échelle mondiale en signe de mépris et de haine envers cette personne. La situation en Irak devient incontrôlable et les autorités irakiennes en place ne parviennent pas à ramener le calme et la stabilité d'antan. Selon les estimations officielles émanant de l'ONU en avril 2006, presque 2,5 millions d'Irakiens (soit un Irakien sur huit) ont fui leur pays en raison des violences. 1 million ont trouvé refuge en Syrie, 75 000 en Jordanie et 150 000 en Egypte et 500 aux Etats-Unis. De plus, selon les chiffres du HCR, 1,8 million d'Irakiens ont été déplacés à l'intérieur du territoire. Près du quart des Irakiens ont donc été obligés d'abandonner leurs domiciles depuis le début de la guerre. L'inquiétude des Irakiens quant à leur avenir est toujours exprimée. L'incapacité de la classe politique irakienne à mettre sur pied un nouveau gouvernement, cinq mois après les législatives du 7 mars, ne fait rien pour ramener la confiance parmi la population irakienne. Un grand nombre d'Irakiens ne croit guère que les 660 000 membres de la police et de l'armée irakiennes seront capables d'assurer une réelle protection du pays. Obama a assuré samedi que la guerre prenait fin en Irak, où les effectifs militaires américains sont passés récemment sous la barre des 50 000 hommes. «Ceux qui disent que la guerre en Irak prend fin commettent une erreur», déclarait ce week-end un journalier irakien de 62 ans, Hassan bin Hachim. «La guerre ne prendra fin que lorsqu'un véritable gouvernement de partenaires aura été formé, qui englobe tous les partis et ne marginalise aucune formation politique», a-t-il renchéri. Sur le plan économique, les conséquences sont inestimables avec une dette énorme qu'aura à payer l'Irak pendant de longues années.