Barack Obama réussira-t-il là où ses prédécesseurs à la Maison-Blanche, Bill Clinton et George Bush, ont échoué ? L'ex-président démocrate avait réussi l'exploit de faire asseoir à la même table Yasser Arafat et Ishak Rabin avec cette poignée de main historique entre les deux hommes, devenue une dizaine d'année plus tard un simple geste de politesse diplomatique qui ne signifie pas grand-chose en politique. Pour ne pas déroger à cette nouvelle tradition, l'ex-président républicain a lui aussi obtenu que Mahmoud Abbas et Ehud Olmert se serrent la main, mais George Bush, à la différence de Bill Clinton, n'était visiblement animé d'aucune volonté politique pour réussir sa «feuille de route» en vue d'un accord de paix définitif en vue de la création d'un Etat palestinien. Avec Bush, les négociations de paix au Proche-Orient ont pris au moins un retard de huit ans. Peut-être davantage si, comme il faut s'y préparer, les rencontres bimensuelles entre Mahmoud Abbas et Benyamin Netanyahu étaient vite dépassées par la réalité sur le terrain. Par son hostilité à Yasser Arafat G. Bush, artisan de deux guerres en Afghanistan et en Irak, a préparé tous les ingrédients pour un échec caractérisé de toute initiative de paix au Proche-Orient. Il a fermé les yeux s'il n'a pas encouragé les massacres les plus horribles des populations palestiniennes à Ghaza fin 2008 pour couronner la fin de ses deux mandats à la Maison-Blanche. Son objectif profond était, bien évidemment, de mettre Israël en position de force dans les négociations autour de la «feuille de route» dont l'application dépendrait du moindre incident sur le terrain. L'invasion génocidaire de Ghaza à la fin 2008, conduite dans l'impunité la plus totale, finira par dévoiler ce peu de motivation de l'ex-président conservateur américain pour une paix définitive entre les Palestiniens et les Israéliens. C'est donc en position de force que Netanyahu s'est présenté à Washington. Les bonnes intentions d'Obama Personne ne doute, aujourd'hui, que Barack Obama soit animé des meilleures intentions de paix pour le Proche-Orient. C'est le principal enjeu de la seconde moitié de son mandat. Toute la question est de savoir s'il en a les moyens. Plus concrètement, si le puissant lobby juif qui fait et défait les candidatures à la Maison-Blanche permettrait une paix qui n'aille pas exclusivement dans le sens des intérêts d'Israël. C'est dans cet esprit que Benyamin Netanyahu, conscient que les Etats-Unis, sous Bush comme sous Bill Clinton et Obama, malgré les nuances évidentes qui distinguent le premier des seconds dans l'approche de la question du Proche-Orient, ne feront pas pression sur Israël pour respecter la légalité internationale, entend négocier avec Mahmoud Abbas les points litigieux du conflit israélo-palestinien. Ces points sont au nombre de quatre : retour d'Israël aux frontières de 1967, fin de la colonisation juive en Cisjordanie, restitution de la partie orientale d'Al Qods et la solution au problème des réfugiés palestiniens de 1948. Un accord d'ici un an sur, en particulier, ces deux derniers points paraît des plus illusoires. Rien ne permet de penser, en effet, que la droite, conduite par Netanyahu et son ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman – absent à Washington - soit disposée à faire ces «concessions douloureuses» préconisées par le Premier ministre israélien, déjà rejetées par les gouvernements dits «modérés» de Kadima d'Ehud Olmert et de Tipzi Livni et du Parti travailliste de Shimon Perez et d'Ehud Barak. George Mitchell optimiste Le médiateur américain George Mitchell a peut-être des raisons d'être optimiste et que l'on ignore. On sait seulement qu'il a abattu un travail colossal pour rendre possible la reprise des négociations israélo-palestiniennes interrompues depuis 20 mois à la suite de l'invasion de Ghaza. Un travail où tout porte à croire que les plus américaines l'ont été plus sur les Palestiniens que sur les Israéliens. Soit. Mais au résultat final, tout le processus de paix israélo-palestinien fait du surplace, ce qui correspond parfaitement à la stratégie de paix «made in Israël». Jusque-là il y a eu pas mal de processus de paix, à Madrid, à Oslo, à Charm Cheikh et à Annapolis, et très peu de paix. Un paix fragile parce qu'otage du vieux scénario israélien des «représailles militaires» aux attaques du Hamas pour se donner le temps de poursuivre la politique de colonisation de la Cisjordanie et vider de tout sens la notion d'un Etat palestinien sur ce qui reste de la Palestine historique. En fait très peu de terres à 100% arabes. Il faut retenir que Netanyahu ne s'est engagé en rien, à Washington, pas même sur le gel définitif de la colonisation de la Cisjordanie réclamé comme condition première par Mahmoud Abbas. Netanyahu a fait mieux : en plus de la judaïsation des terres arabes il a mis en avant ce qui semble être sa priorité, le «caractère juif» de l'Etat d'Israël. Une condition aux objectifs parfaitement clairs : classer définitivement le dossier des 4 à 5 millions de réfugiés et faire du million et demi de la population arabe encore établie en Palestine historique des étrangers avec carte de séjour en attendant de les expulser vers le futur Etat palestinien. Voilà le «compromis douloureux» auquel a appelé Benyamin Netanyahu. Douloureux, certes, mais pour qui ?